À la mi-janvier, le Conseil fédéral a renforcé les mesures : verrouillage, soutien supplémentaire à l’économie, resserrement de la distanciation sociale, développement du chômage partiel. Les bourgeois et les associations capitalistes poussent à nouveau vers l’ouverture de l’économie. Et depuis des mois, l’UDC attaque le Conseil fédéral par la droite. Mais ne nous laissons pas tromper !

L’humoriste romand Thomas Wiesel l’a résumé en quelques mots : le Conseil fédéral a réagi si tardivement à la deuxième vague qu’il a déjà pu présenter les mesures comme des mesures contre la troisième vague. Face à la troisième vague avec la mutation du virus, les mesures sont, comme toujours, brutalement « douces ». La mobilité n’a que légèrement diminué depuis lors. Le Conseil fédéral continue à placer les profits des capitalistes au-dessus de la santé de la population – et continue à le faire d’une manière remarquablement brutale en comparaison internationale.

La stabilité de la Suisse s’effondre

La crise économique met la pression sur les masses. Un cinquième de la population a récemment été forcé de réduire sa consommation par manque d’argent. Un quart de ces personnes a dû puiser dans ses maigres économies. L’extension du chômage partiel et l’accroissement de l’aide aux personnes dans un cas d’extrême pauvreté ne diminuent guère cette pression. Le gouvernement des gros bonnets peut de moins en moins se présenter comme le représentant du « peuple ». Près des deux tiers de la population a déclaré à la mi-janvier avoir (très) peu confiance dans sa politique de santé. Et la légende que tout le monde va bien en Suisse s’estompe sous la pression et l’expérience de la crise. La question sociale se pose. Il y a trop peu d’« amortissement des pertes de salaire, des cas de difficultés et autres », disent 66%  dans un sondage.

Un Conseil fédéral stable et l’apparition d’une sécurité sociale absolue – ce sont les piliers du pouvoir de la bourgeoisie suisse. Or, leur stabilité, vieille de plusieurs décennies, commence à se fissurer.

La direction de l’UDC tente d’exploiter ce mécontentement croissant. Les deux tiers de la base de l’UDC (c’est-à-dire de nombreux travailleurs, des indépendants, etc.) demandent également plus de sécurité sociale. L’UDC s’en prend vivement au Conseil fédéral. Elle essaie de se faire passer pour le parti des « pauvres » et des travailleurs – de canaliser le mécontentement dans des voies inoffensives et de faire adopter une politique encore plus sanglante dans l’intérêt du Capital, sans lockdown et sans dépenses publiques pour atténuer la crise ! La réussite de cet exercice d’équilibriste et sa durée dépendent de la capacité de la gauche à contrer la démagogie de l’UDC en proposant une véritable sortie de crise.

Programme contre la crise

Si c’est aux capitalistes, leurs partis et leur gouvernement de décider, nous paierons pour les crises économique et sanitaire. Les salariés doivent se défendre. Les grandes organisations traditionnelles de la classe ouvrière, le PS et les syndicats, doivent entraîner la classe ouvrière dans la lutte contre la crise : avec un programme qui place inconditionnellement la santé et la défense du niveau de vie au-dessus des profits.

Le mécontentement des masses, qui augmente depuis des mois, met également la pression sur le PS et les directions syndicales. Ces organisations ont des revendications qui méritent d’être soutenues. Mais elles ne vont pas assez loin.

Selon l’Union syndicale, une meilleure protection sur le lieu de travail est nécessaire. Mais cela est totalement insuffisant. Tous les secteurs de l’économie qui ne font pas de travail « essentiel » doivent être fermés. Dans les secteurs essentiels, les travailleurs doivent s’organiser en comités et décider eux-mêmes des mesures à prendre et en contrôler l’application….

Une « expansion du service public » est nécessaire et un « impôt sur les bénéfices de crise pour les produits pharmaceutiques » (PS) indique clairement où l’argent doit être récupéré. Tout le secteur de la santé et l’industrie pharmaceutique doivent être arrachés aux mains des capitalistes, nationalisés et placés sous le contrôle des travailleurs. Les banques doivent être nationalisées, fusionnées en une seule institution et placées sous le contrôle des travailleurs et de la société ! Ce n’est qu’ainsi que nous obtiendrons les ressources nécessaires pour les investissements dans la production et la recherche, dans la santé et l’éducation, et pour la campagne de vaccination et de dépistage !

La demande d’une garantie d’État pour les apprentissages (PS) doit être généralisée : Pas de licenciements ! Maintien du salaire à son niveau actuel !

Tout proposition en deçà de ce minimum signifie que les masses paient pour la crise. Le PS, avec les syndicats, doit ancrer ce programme dans les lieux de travail, les écoles et les quartiers : seule la classe ouvrière elle-même a le pouvoir de le mettre en œuvre.

Gagner la lutte des classes

Ce programme doit être mis en pratique contre la classe capitaliste. Le PS fait partie du Conseil fédéral, un gouvernement dit collégial entre les partis bourgeois et de gauche. Mais 2020 a clairement montré que derrière le « principe de collégialité » du Conseil fédéral se cache exactement le contraire : que les conditions de vie et de travail des salariés sont brutalement attaquées de manière non-collégiale dans l’intérêt des capitalistes. Les conseillers fédéraux du PS doivent rompre avec la « collégialité » du Conseil fédéral ! Le PS doit s’opposer au Conseil fédéral !

Mais après les timides critiques du Conseil fédéral à la fin de l’année dernière, la direction du PS est maintenant assez « satisfaite » des nouvelles mesures du Conseil fédéral. Elle défend le principe de collégialité contre les critiques de l’UDC venant de la droite. Elle est à la traîne par rapport à la conscience des masses. Encore une fois : les deux tiers de la population ont de bonnes raisons d’être convaincus que le Conseil fédéral est un gouvernement de profiteurs et de banquiers !

Les masses cherchent des moyens de sortir de la crise. Les salariés doivent être unis derrière un programme socialiste : rompre avec les capitalistes et les bourgeois, former leur propre gouvernement et prendre le pouvoir, renverser le capitalisme et construire le socialisme.

Pour la Rédaction Jannick Hayoz