L’assouplissement rapide du confinement et les manifestations de samedi, le 16. mai, posent à nouveau la question de la légitimité des restrictions des droits fondamentaux et le caractère répressif de leur exécution. Quelles mesures sont nécessaires ? Et surtout : comment sont-elles implémentées  ?

Tout d’abord, la maladie Covid-19 est dangereuse et nécessite quelques restrictions des droits fondamentaux afin de protéger la population. Nous restons quand même critiques de la politique fédérale, parce que l’Etat défend finalement les intérêts capitalistes. Néanmoins nous soutenons certaines mesures. En général, la réduction de taux de contamination est et reste une nécessité urgente.

Sous le capitalisme, de telles mesures extraordinaires font face à plusieurs contradictions. Voici les deux plus importantes concernant leur objectif et la manière de leur implémentation. 

Pourquoi des mesures ?

La pandémie est un dilemme pour la classe régnante : d’un côté, une propagation hors contrôle aurait mené à un taux de morts astronomique, à une réaction très négative contre le gouvernement et une perte de confiance en les institutions dirigeantes. C’est la raison principale pourquoi des gouvernements ont pris des mesures drastiques. De l’autre côté, le maintien des profits est la tâche la plus importante, même si cela provoque des morts. L’oscillation entre ces deux buts explique le zigzag des gouvernements, les absurdités et contradictions de leurs mesures. 

Qui contrôle quoi ?

La deuxième contradiction concerne l’implémentation des mesures. Depuis le lockdown, la maxime est que nous devons nous isoler complètement dans notre temps libre afin que les infections sur les lieux de travail ne fassent pas monter trop haut le taux officiel. Des nombreux indices suggèrent pourtant que la plupart des infections ont lieu au travail. Selon une employée, deux personnes s’infectent chaque jour au centre de distribution vaudois de LeShop.

Si l’Etat prend de telles mesures, elles ont toujours des traits répressifs. Surtout pendant des périodes exceptionnelles, la nature de cet Etat se dévoile. Finalement, il a imposé les intérêts de la classe régnante à la classe ouvrière.

Inutile de lister les chicanes policières contre les habitants de quartier, il y en a trop ! Ils s’expliquent tous par la fonction répressive de la police et par l’absurdité d’un “lockdown” pendant que la plupart de l’économie continue comme normal : infection dans le centre de distribution oui, boire de la bière dans la parc non.

Contre l’absence de mesures, nos mesures

En tant que socialistes, nous défendons une économie contrôlée, administrée et planifiée par les ouvriers. Si elle tournerait selon nos intérêts, un tel phénomène naturel ne mènerait ni à une crise économique, ni à une crise de santé. Une économie planifiée pourrait être ralentie selon des critères rationnels. Le critère de minimiser le taux d’infection serait central, et il ne serait pas sacrifié pour protéger les profits. Les mesures de protection des groupes à risque élevé pourraient être imposées de manière conséquente. 

Bien sûr il y aurait aussi des règles pour le temps libre. Sous le socialisme, la compatibilité sociale des mesures de crise serait  la première priorité (et non pas les compagnies aériennes). L’Etat capitaliste ignore l’existence des gens qui ont besoin d’aide. Seulement grâce à des groupes d’aide, auto-organisés, solidaires et spontanés, ces gens ont pu survivre la crise. Notre politique de crise donnerait la tâche de baisser le taux d’infection pas à la police, mais à des tels comités ! 

Seul un tel autocontrôle par des comités de quartier démocratiques rendrait possible une réduction proportionnelle et indulgente des infections.

Manifestations contre le lockdown

Considérant la nature contradictoire criante des mesures officielles, ce n’est pas surprenant que des gens se mettent à chercher des complots. Que la critique actuelle exprimée par les manifestations de samedi surpasse encore ces mesures en absurdité, c’est finalement la faute des organisations de travailleurs, en première ligne, le PS. Parce qu’elles ne formulent pas de critique indépendante de la politique capitaliste, la voix des manifestations de samedi reste la seule audible. 

Mais cela gène les intérêts de la classe ouvrière. Les médias bourgeois gonfle ces manifestations aussi à cause de cette raison. Ils permettent à la classe dirigeante de discréditer toute critique comme théorie complotiste. De l’autre côté, en demandant une absence totale de mesures, ces manifestants demandent précisément la même chose que la partie la plus sans-gêne de la bourgeoisie : profits libres et survie du plus fort !

Peu importe s’il s’agit de petits bourgeois réactionnaires, de théoriciens complotistes ou d’extrémistes de droite mal cachés, c’est clair que les manifestants sont des idiots utiles pour le capital.