L’OFSP et le Conseil Fédéral se contredisent et mentent à la population, l’affaire des masques hygiéniques en est un exemple. Ces mensonges ne sont pas un malheureux hasard mais apparaissent comme une nécessité dans l’état bourgeois.

Depuis des semaines, la politique de gestion du Covid de l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) accumule scandale après scandale : des statistiques manquent, on implémente des mesures incohérentes, les communiqués de presse se contredisent ouvertement. Si au début du confinement, Daniel Koch et Alain Berset étaient perçus comme des héros, cette image s’est dégradée ces dernières semaines. Même « 20 Minutes » rapporte : « On ne peut plus prendre les déclarations du OFSP au sérieux ».

“Les masque ne fonctionnent pas, donc stockons-les”

Il apparaît de plus en plus clairement que l’OFSP ne peut pas être responsable pour notre santé, surtout après la publication d’un protocole début d’août qui révélait que dans une réunion interne tenue à la mi-mars, l’office public avait déclaré « il fait sens de garder deux, maximalement trois masques par collaborateur ». Donc, pendant que l’OFSP stockait des masques pour lui-même, il communiquait dans les médias que « l’utilité des masques dans le public n’a pas été démontrée”, et affirmait même que cela aurait donné un faux réflexe à la population de se croire protégée par un masque, et qu’avant cela elle devait apprendre à se laver les mains…

Avec cette argumentation cousue de fil blanc, l’OFSP se positionnait contre l’obligation de porter des masques au début du confinement, alors qu’il n’était pas contesté par les spécialistes que les masques protègent des transmissions. Mais alors pourquoi stocker des masques quand ils ne servent apparemment à rien ? Aujourd’hui l’OFSP a changé de direction et promulgue les masques comme première protection dans les espaces publics. 

Que l’OFSP n’ait pas déclaré l’obligation de porter des masques au début du confinement n’a rien à faire avec des considérations honnêtes sur la santé du peuple, mais bien avec l’impossibilité pour l’OFSP d’avouer qu’il y avait un manque de masques. Un extrait d’un protocole le confirme : « Pour l’instant, l’inventaire de masques hygiéniques est insuffisant. Pour l’instant, il n’est pas possible de recommander à la population de porter des masques »(cité dans le Sonnatgszeitung, 2.08). Pourtant, des mesures simples auraient pu éviter des infections et sauver des vies. Pourquoi l’OFSP n’était-il pas honnête concernant le manque de masques depuis le début ?

Marché incapable, gouvernement malhonnête

La pénurie de masques était une conséquence directe de l’incapacité du marché capitaliste de fournir des biens fondamentaux. En interne, l’OFSP parlait d’un marché « asséché ». Or expliquer cela ouvertement reviendrait à dire que le capitalisme échoue et que le gouvernement n’a en réalité pas de contrôle de la situation et n’est capable non plus de résoudre les problèmes qui émergeaient pendant la crise du Covid-19.

Cela ne doit pas nous étonner que l’OFSP et le Conseil fédéral nous dissimulent des faits et nous mentent, car il est dans la nature de l’état bourgeois et de son gouvernement de mentir à la majorité de la population dépendante du salaire. Le Conseil fédéral n’est pas une entité neutre, il est le gouvernement d’un état bourgeois, et son devoir est d’administrer et maintenir le status quo. Ainsi, le gouvernement représente les intérêts d’une minorité de capitalistes qui profite de ce status quo – aux frais de la majorité ouvrière de la population.

Cela fonctionne tant que les capitalistes et leur gouvernement réussissent à donner l’impression que tout est sous contrôle et qu’ils agissent dans l’intérêt de la population entière. Cependant, le moins capable ils deviennent de fournir même les biens les plus fondamentaux, le plus ils sont obligés de nous mentir, en essayant de maintenir la confiance de la population envers le système et le gouvernement. Mais de tels mensonges vont finalement avoir l’effet contraire : le gouvernement se dévoile comme suppléance de la classe dirigeante.

Et dans un état ouvrier ?

Nous ne pouvons pas confier la résolution des problèmes actuels au Conseil fédéral, car l’état bourgeois n’est pas capable d’exprimer les intérêts de la majorité ouvrière. Nous pouvons protéger notre santé et notre standard de vie seulement par la prise de contrôle de la société par la classe travailleuse. Les salarié-e-s doivent construire leur propre état avec leurs propres institutions démocratiques. 

Dans un tel état ouvrier, l’entièreté de la population travaillante fait activement partie dans l’organisation de la société. Un tel état n’aurait alors pas de raison à camoufler la vérité, peu importe sa dureté. Il peut être transparent sur les problèmes, parce qu’il s’agit des nôtres et parce que nous devons tous travailler activement pour le résoudre.

Au lieu de proclamer l’inutilité des masques, cet état aurait constaté le manque – et les travailleurs-euses auraient pu réorganiser la production en très peu de temps pour offrir des masques gratuits à tout le monde. 

La rédaction