Nous nous trouvons dans une phase critique de la crise du capitalisme. Elle est marquée par une exacerbation de l’instabilité qui s’étend à toutes les échelles et une accélération des événements qui rend l’avenir très incertain. Elle met à nu la fragilité des institutions bourgeoises ainsi qu’une polarisation croissante dans la société. Notre belle Suisse, qu’on croirait immune à tout ce désastre, non seulement est loin de l’être mais y participe activement. Les « Panama Papers » en sont un très bon exemple.

La fuite de données appelée « Panama Papers » a démasqué de nombreuses personnalités et sociétés qui fraudaient le fisc à l’aide de tout un appareil juridique et bancaire. Des grandes sociétés internationales, des anciennes et actuelles personnalités gouvernementales, des empires bancaires et même des joueurs de football y étaient associés. En réalité, ceci n’a rien d’étonnant – on le soupçonnait depuis longtemps. C’est surtout très indignant. Alors que l’on impose aux salarié-e-s davantage d’austérité et de précarité, parallèlement toute une classe de parasites se frotte les mains de manière obscène. « Oui mais c’est leur argent, ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec » nous répondraient-ils cyniquement. En effet, l’enrichissement coûte que coûte est le principe fondamental du capitalisme. Aucune réglementation n’est aussi puissante pour contourner cette règle.

Le premier ministre britannique, David Cameron, était également lié à toute cette affaire qu’il a essayé de vite régler au sommet de Londres soi-disant contre la corruption. Le référendum sur la sortie de l’UE constituait un enjeu plus important afin de tester la stabilité de l’establishment. Le vote favorable au Brexit exacerba la crise au sein de l’establishment britannique et européen.

L’austérité frappe de plein fouet des millions de travailleurs, britanniques ou européens. En même temps, les désastres provoqués au Moyen-Orient par les puissances impérialistes et leurs alliés obscurantistes terrorisent les populations qui sont poussées loin de leur terre. La forteresse européenne les maintient hors de ses frontières dans une situation humanitaire désastreuse. En absence d’une alternative crédible de gauche, des mouvements xénophobes et profondément réactionnaires gagnent en puissance et exigent des contrôles plus renforcés aux frontières à l’intérieur des pays. Avec la suspension de la libre circulation des personnes, des dettes souveraines historiquement élevées et la sortie de la Grande Bretagne, l’UE se trouve ainsi au bord de l’implosion.

La Suisse n’est pas exempte de la crise que traverse l’UE en ce moment. Mais la bourgeoisie suisse semble mitigée quant aux répercussions de celle-ci en particulier en ce qui concerne le Brexit. Parmi les craintes du Brexit, il y avait la pression sur le franc suisse comme monnaie refuge des investisseurs. Il s’agit d’une situation délicate pour la Banque Nationale Suisse (BNS) mise sous pression pour garder le franc stable afin de maintenir la compétitivité de l’industrie d’exportation. Une autre fraction de la bourgeoisie se réjouissait de pouvoir accueillir davantage de multinationales cherchant des relations stables avec l’UE. Mais les relations entre l’UE et la Suisse sont également touchées puisque les négociations notamment en ce qui concerne l’application de l’initiative contre l’immigration massive seront mises au deuxième plan.

La crise du système se caractérise par une difficulté de plus en plus croissante pour les capitalistes à réaliser des profits. Par conséquent, ils sont poussés à en retrouver des parts à travers des allègements des charges fiscales. C’est dans ce sens qu’on peut considérer la nouvelle Réforme d’imposition des entreprises (RIE III), acceptée par le parlement en juin de cette année. La réforme prévoit, entre autres, une suppression des statuts fiscaux spéciaux pour des sociétés de type holding, ce qui impliquerait une hausse relative de leur imposition ainsi qu’une baisse sur les taux d’imposition des bénéfices pour les sociétés domestiques. La bourgeoisie compte à travers cette réforme renforcer les attaques envers les salarié-e-s en leur imposant davantage d’austérité.

Toutefois, nous voyons un peu partout des brèches qui s’ouvrent pour une conscientisation plus large. En Suisse, ceci passe par la lutte contre l’austérité qui devient un thème important dans beaucoup de cantons. Le canton de Genève se retrouve à un stade particulièrement avancé dans ce domaine. La dernière grande manifestation unitaire eut lieu le 28 mai et nous pouvons constater une présence de plus en plus importante de jeunes. La mobilisation est loin d’être finie et la rentrée prochaine risque d’être bien mouvementée. Nous devons nous préparer à intervenir énergiquement.

Le système capitaliste se retrouve dans une impasse et ira de crise en crise tant que nous ne serions pas conscients de notre immense devoir qui est d’accélérer sa mort et de faire naître de ces cendres une société meilleure. Ceci n’est pas possible sans l’existence d’un programme socialiste radical et d’une organisation digne de ce nom capable de donner une direction adéquate au mouvement.
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