Nous condamnons l’attaque de l’armée russe contre l’Ukraine et l’attitude cynique des puissances de l’OTAN. Les victimes de la politique de puissance menée de sang-froid par les États capitalistes sont les travailleurs, les opprimés et les exploités des différents pays. Quelle position les travailleurs et les révolutionnaires en Suisse devraient-ils adopter face à ce conflit ? Quelle est la position des marxistes ?

Nous ne devons pas nous laisser tromper par la guerre de propagande que se livrent les deux parties du conflit. Ne nous laissons pas entraîner dans leur jeu de « qui a commencé » ou de quel côté le conflit actuel est à blâmer ! Nous devons partir des intérêts de la classe ouvrière de tous les pays. Derrière les deux camps se cachent des aspirations impérialistes réactionnaires qui se sont alimentées mutuellement jusqu’à l’escalade.

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’impérialisme américain et ses alliés européens de l’OTAN ont envahi l’ancienne sphère d’influence russe. Le mouvement de Maïdan en 2014 a été déclenché par l’impérialisme allemand et américain. Il a conduit au renversement du gouvernement ukrainien et à son remplacement par un régime soutenu par l’Occident, qui alimente depuis lors un nationalisme antirusse réactionnaire. Chaque fois que l’impérialisme occidental agit de manière agressive, il reporte la faute sur un bouc émissaire et se met en scène comme une force pour « la paix et la démocratie ». Il laisse derrière lui une trace incroyablement sanglante : que ce soit en Yougoslavie, en Afghanistan ou aux frontières de la forteresse Europe. Poutine et son oligarchie d’autre part ne sont certainement pas les alliés de la classe ouvrière, ni en Russie ni ailleurs. L’invasion de l’Ukraine n’est que la continuation de l’agenda réactionnaire de Poutine. Il ne s’agit pas d’un conflit entre un Occident « démocratique » et un Poutine « dictatorial », mais d’une lutte entre deux puissances impérialistes pour leur sphère d’influence.

Rien n’est progressiste chez aucun des acteurs capitalistes de ces événements dramatiques. Cela vaut aussi bien pour les Etats-Unis et les impérialistes occidentaux que pour le régime de Poutine ou les nationalistes ukrainiens soutenus par l’Occident et le gouvernement Zelenski. Ceux qui souffrent des guerres, de l’insécurité, de l’exploitation, du chauvinisme et des divisions de classe sont toujours la classe ouvrière et les opprimés des différents pays. La classe ouvrière mondiale n’a rien à gagner et ne peut que perdre en soutenant l’un des deux camps de cet horrible conflit.

Est-ce que cela signifie que la « neutralité » de la Suisse est correcte ? Certainement pas ! La neutralité suisse est un moyen par lequel le capital suisse défend les intérêts de son propre profit sur la scène internationale. Les politiciens bourgeois applaudissent le Conseil fédéral parce qu’il ne veut pas, au nom de la neutralité, se rallier entièrement aux sanctions de l’UE et des États-Unis. Au lieu de cela, il prétend offrir ses « bons offices » en tant que médiateur entre les parties au conflit. C’est de l’hypocrisie pure et simple ! Les capitalistes et leur gouvernement ne s’intéressent pas au sort de ceux qui souffrent de la guerre. Ils ne s’intéressent qu’aux bonnes affaires – avec les deux parties du conflit. Environ 80% du commerce de matières premières russes passe par les centres de services financiers suisses de Genève, Zoug, Lugano et Zurich. Les bourgeois veulent défendre ces intérêts de la place financière sous couvert de neutralité. D’un autre côté, ils font allègrement des affaires aux États-Unis, dans l’UE et bien sûr aussi en Ukraine, où les capitalistes suisses profitent avec reconnaissance de la possibilité de faire des affaires sous le gouvernement réactionnaire de Maidan depuis 2014. Ces dernières années, la Suisse est devenue le quatrième plus gros investisseur en Ukraine. Voilà ce que signifie la neutralité : c’est la manière dont l’impérialisme suisse défend ses intérêts au niveau international, il s’équilibre entre les grands blocs et accroît ses richesses en exploitant au mieux la classe ouvrière mondiale.

La neutralité ne fait pas partie de la solution, elle fait partie intégrante de ce système capitaliste barbare. Défendre la neutralité suisse avec le Conseil fédéral, c’est défendre l’impérialisme suisse parasitaire. Le gouvernement suisse n’a aucun intérêt commun avec la classe ouvrière ukrainienne ou russe. Et la classe ouvrière suisse n’a aucun intérêt commun avec le gouvernement suisse.

Si la neutralité est fausse, devrions-nous exiger des sanctions contre la Russie, comme le font entre autres le PS et les Verts ? Certainement pas ! Exiger du gouvernement bourgeois des sanctions contre une seule des parties capitalistes du conflit ne signifie rien d’autre que de se ranger dans le camp de l’autre partie impérialiste : les États-Unis, l’UE et l’OTAN et le gouvernement nationaliste réactionnaire d’Ukraine. Nous ne devons soutenir aucun des deux camps !

Nous ne sommes pas neutres dans ce conflit et nous ne prenons pas parti pour l’impérialisme. Nous devons adopter un point de vue de classe, internationaliste et résolu. Nous parlons au nom d’un seul intérêt – l’intérêt commun de la classe ouvrière de toutes les nations. Les camarades de la TMI luttent dans tous les pays contre tous les chauvinismes et pour l’unité internationale de la classe ouvrière.

Aucune sanction ou parole diplomatique des classes dirigeantes ne peut arrêter la guerre. Ces conflits armés sont le résultat du capitalisme en crise, où les tensions entre les différents blocs s’exacerbent. Sous le capitalisme, il n’y aura pas de solution durable à la crise ukrainienne. Et il y aura toujours des guerres. Le seul moyen réaliste d’avancer est de renverser le capitalisme.

L’ennemi est dans notre propre pays ! C’est la tâche de la classe ouvrière en Russie de renverser le régime de Poutine et de se mobiliser contre la guerre. C’est la tâche de la classe ouvrière en Ukraine de s’opposer à sa propre oligarchie capitaliste mensongère, qui maintient le pays dans une guerre civile depuis des années. C’est notre tâche en Suisse de nous organiser et d’engager la lutte contre les intérêts de profit des multinationales, contre leur place financière parasitaire et contre le gouvernement qui défend ces multinationales.

A bas les fauteurs de guerre et les profiteurs !

Expropriation des comptes bancaires de tous les oligarques américains, ukrainiens et russes et restitution des fonds aux organisations ouvrières des pays concernés !

Pour l’unité des travailleurs et travailleuses de toutes les nations

Vive la solidarité internationale ! Pas de guerre entre les peuples ! Pas de paix entre les classes !