En juin dernier, ils étaient 15’000 ouvriers de la construction à monter à Zurich afin d’exiger des meilleures conditions de travail et la garantie de la retraite anticipée à 60 ans. Face à l’immobilité du patronat, la mobilisation continue dans les chantiers et des journées de grève ont été organisées ce mois-ci. Une analyse et un rapport de la grève à Genève.

 

Le rapport de la grève à Genève se trouve en bas.

 

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© A. Dubois

 

La retraite anticipée à 60 ans avait été obtenue par la lutte en 2002 où pendant plusieurs jours,  les maçons avaient débrayé dans toute la Suisse. Mais aujourd’hui cette retraite anticipée risque de se dégrader à cause des pertes que pourraient avoir lieu sur les rentes des maçons. La FAR (fondation pour la retraite anticipée) permet justement aux maçons de profiter de la retraite anticipée. D’après Unia, presque 15’000 retraités auraient déjà profité de celle-ci (Evenement syndical n°44/15). Mais si des mesures ne sont pas prises pour sauver la FAR aujourd’hui, les maçons pourraient perdre entre 600 et 1000 CHF par mois. Aussi, beaucoup de maçons doivent travailler sous des conditions météorologiques mauvaises (pluie, vent, neige) et les protections sont insuffisantes. Bien évidemment, la question de la sous-enchère salariale n’échappe à la construction, dans laquelle certains maçons sont payés à des salaires misérables. Des meilleurs salaires (augmentation de 150 CHF au minimum) sont aussi exigés notamment à Genève face à coût insupportable de la vie. Les principaux syndicats de la construction, Unia, Sit et Syna exigent une amélioration de la Convention nationale de la construction (qui devrait expirer à la fin de l’année) en incorporant ces revendications. Jusqu’à présent, la Société suisse des entrepreneurs (SSE), faîtière patronale avait refusé d’entrer en matière sur cette question. Dernièrement, elle a lancé une pétition circulante dans les chantiers afin d’exiger un prolongement de la convention actuellement en vigueur. Il faut souligner que ceci n’est de loin pas un cadeau. Les patrons veulent à tout prix éviter un vide conventionnel qui permettrait aux maçons de librement faire grève et font donc pression sur les maçons pour qu’ils signent cette pétition. Ils n’ont pas l’intention de faire de nouvelles concessions, d’où l’importance de maintenir la pression. Après la manifestation de juin à Zurich, les maçons ont voté pour des grèves de la construction dans plusieurs cantons, celle de Genève étant agendée au mercredi 11 novembre, à Zurich, le mardi 10. Les syndicats dont Unia préparent les chantiers à la mobilisation. Rappelons que la dernière grève de la construction à Genève en 2011 avait rassemblé plus de 4000 maçons en lutte.

 

Les maçons comme bastion syndical du mouvement ouvrier

Le secteur de la construction constitue le secteur avec le taux de syndicalisation le plus important de toute la Suisse. Les luttes des maçons sont particulièrement combatives, celle de novembre 2011 à Genève est un exemple. Il est important aujourd’hui de tisser des liens entre les maçons de toutes les boîtes, qu’elles soient petites ou grandes, mais  aussi avec d’autres travailleurs de la construction et au-delà car cela va renforcer une conscience commune et donner de la force face au patronat.

 

Pour des conquêtes collectives pour tous les salarié-e-s

La fonction publique était en grève en même temps que les maçons. Les deux cortèges se sont rejoints et ont bloqué ensemble le pont du Mont-Blanc pour ensuite défiler dans les rues-basses. On entendait des slogans comme “Public, privé: même combat”. Ce genre de slogans sont nécessaires afin de dépasser les oppositions qui existent entre les salarié-e-s du secteur public et ceux du privé, les premiers étant très souvent considérés comme des privilégié-e-s. En effet, il ne s’agit pas de luttes opposées et différentes mais de luttes convergentes puisque le gouvernement genevois n’hésite pas à dégrader les services publics pour défendre la compétitivité des entreprises suisses et pour que les patrons puissent réaliser de plus grands profits. Nous savons bien que ces profits ne servent en rien l’amélioration des conditions de travail et de vie des salarié-e-s mais qu’ils restent entre les mains des plus riches. Les conditions de travail du secteur public, certes légèrement meilleures que dans le secteur privé, ne doivent pas donner place à un nivellement pas le bas. Au contraire, les salarié-e-s du secteur public comme ceux du secteur privé doivent se battre ensemble pour des meilleurs conditions de travail et faire pencher la balance de leur côté dans la confrontation avec le capital.

 

Bryan Chirinos
JS Genève

 


 

Retour sur la mobilisation de la fonction publique du 10 novembre

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© A. Dubois

 

La grève de la construction à Genève

Le mercredi 11 novembre, environ 3’000 maçons ont quitté les chantiers afin d’aller manifester. Ils exigeaient notamment la garantie d’une retraite anticipée à 60 ans, plus de protection contre les intempéries ainsi que des  salaires plus appropriés à la valeur et aux conditions de leur travail.

Tôt le matin, les camarades de l’étincelle rejoignent les piquets de grève syndicaux. Le but est d’aider les travailleurs et travailleuses à dépasser leur peur créée par des pressions patronales les veilles de la journée de grève et ainsi de les encourager à s’unifier en participant au défilé. Les discussions très intenses révèlent, entre autres, un grand clivage entre les employé-e-s permanent-e-s et temporaires,  ces derniers souffrant d’un statut juridique particulièrement instable et qui, en conséquence, sont plus susceptibles aux intimidations de l’entrepreneuriat. Cependant, le taux élevé des maçons genevois, 80% d’entre eux faisant grève, prouve le bon travail de mobilisation.

Finalement, le cortège se met en mouvement  de la Place des 22 cantons en direction du pont du Mont-Blanc avec les drapeaux syndicaux en l’air. Après quelques centaines de mètres, le prochain moment fort s’annonce quand les fonctionnaires démontrent leur solidarité avec les ouvriers-ères  Les deux cortèges, rassemblant au total plus de 8’000 personnes, partent ensuite ensemble et occupent le pont du Mont-Blanc pendant deux heures, rappelant non seulement au patronat, mais également à la population automobiliste la force des masses.

Cette touche de front uni   se compose de deux manifestations distinctes, mais les étudiant-e-s en lutte arrivent pour exprimer leur solidarité dans le cortège des maçons. Ils animent la manifestation avec des chants combatifs et des slogans dépassant les clivages entre les salarié-e-s du secteur public et privé. En général, l’ambiance peut être décrite comme solidaire et paisible, mais également déterminée et énergique. Une fois de plus, comme pour la mobilisation nationale de la construction en juin à Zurich et pour la grève pendant les dernières renégociations de la convention nationale en 2011, les ouvriers-ères de la maçonnerie font preuve d’une grande discipline.

Les cortèges prennent ensuite différentes directions, la fonction publique allant à la Promenade de la Treille et les maçons à la Plaine de Plainpalais où un grand repas communautaire accompagné de différents discours est organisé. . Finalement, pendant l’assemblée de 14h, ils  décident de ne pas reconduire la grève, mais au lieu de cela de se réunir en Assemblée Générale le 10 décembre pour décider  de repartir au combat en fonction de l›ouverture ou non des négociations avec le patronat. Néanmoins, en considérant la politique de la sourde oreille appliquée jusqu’à présent par la Société Suisse des Entrepreneurs et la possibilité d’un vide conventionnel à partir de l’année 2016 qu’en résulte, on peut, en tant que courant révolutionnaire, se réjouir de futurs mouvements de masse.

 

Dersu Heri
Secrétaire JS Genève