Ces dernières semaines, les jeunes élèves du cycle d’orientation de Pinchat à Carouge, ont réussi à capter l’attention des institutions étatiques et des médias dans toute la Suisse. En se rebellant contre un t-shirt ridicule et humiliant, des jeunes élèves luttent contre l’imposition des normes sexistes qui les oblige à s’habiller de façon « modeste ». 

Introduit en 2014, le fameux t-shirt qui indique « CO Pinchat, J’ai une tenue adéquate », est imposé aux élèves qui portent des habits que la direction juge incorrects. Bien sûr, ce jugement se porte principalement sur la tenue des filles plutôt que celle des garçons. Le premier mardi de la rentrée scolaire, 10 étudiantes ont été obligées de porter ce « t-shirt de la honte », comme le nomment les enseignant.e.s. Mais dans cette année de crise sanitaire où l’État oblige les élèves et le personnel de l’éducation à continuer les activités scolaires dans des conditions dangereuses, où les coupes au budget cantonal continuent à augmenter les pressions autant pour les enseignants que pour les étudiant.e.s, cette pratique sexiste est d’autant plus insultante. Au lieu d’augmenter les ressources pour améliorer et assurer les meilleurs conditions d’apprentissage de tous les étudiant.e.s, les dirigeants des établissements continuent à imposer des pratiques qui disent au jeunes femmes : « on s’en fiche de votre éducation, seuls vos corps comptent  ! ».

La Grève des Femmes de 2019 a vu la participation importante de collectifs de collégiennes et étudiantes de tout âge. Cette expérience de lutte collective a été cruciale pour qu’après des années de cette pratique sexiste, les jeunes de Pinchat décident d’appeler à un rassemblement à l’entrée de la cour de l’école contre ce traitement différencié et abusif, et contre le Département d’Instruction Publique (DIP) qui le cautionne. Presqu’une centaines d’élèves, filles et garçons, on manifester leurs refus de continuer à accepter ces conditions discriminantes qui stigmatisent et ciblent les filles comme fautives des agressions sexistes. Ce n’est pas par hasard que de telles dénonciations peuvent prendre une telle ampleur. Depuis des années, nous voyons une radicalisation marquée de la jeunesse contre la détérioration des conditions de vie, contre la destruction des ressources naturelles, contre les traitements sexistes et racistes et contre le système capitaliste, à la source de toutes ces misères. 

Depuis, des dénonciations sur les réseaux sociaux montrent à quel point ce problème est généralisé. La page Instagram « Balance ton école » partage des témoignages dans presqu’une vingtaine d’établissements éducatifs qui impose aux jeunes femmes des standards et normes sexistes, qui sont plus concernés par ce que les étudiantes portent que par ce qu’elles apprennent. Autant la direction du cycle, que les autorités étatiques justifient cette norme vestimentaire avec une loi cantonale qui stipule que les élèves doivent porter une tenue « correcte et adaptée au cadre scolaire ». 

C’est enrageant de voir à quel point les institutions cachent et protègent des enseignants pédophiles et sexistes au lieu d’assurer l’éducation de tous les élèves. Mais bien sûr le sexisme ne s’arrête pas aux portes des écoles. Comme le prouve l’immense grève des femmes 2019, comme le prouve le large soutien pour les élèves de Pinchat en lutte, l’oppression des femmes envahit tous les aspects de la société capitaliste. Partout, à l’école, sur le lieu de travail, au sein de la famille, les femmes sont opprimées et infériorisées.

Les normes vestimentaires et les idéaux de beauté ont la fonction de maintenir et cimenter l’oppression des femmes qui traverse les sociétés depuis des millénaires. Aujourd’hui, les rôles genrés cherchent à opprimer les femmes en les réduisant à leurs capacités de devenir mères, d’assurer le travail domestique, et de travailleuses de seconde catégorie.

Tout au long de l’histoire, les luttes pour la liberté vestimentaire ont été menées contre les fractions les plus conservatrices et moralisantes de la classe dominante et de ses institutions religieuses et étatiques. D’un côté, ils jugent les jupes trop courtes et les hauts trop petits, et de l’autre, ils condamnent le voile, les habits ou la coupe de cheveux trop « masculine » ou le manque de maquillage. Les autorités étatiques disent : « Il faut parler aux jeunes, encore et encore. Leur expliquer pourquoi il existe certains codes vestimentaires – sans les ridiculiser. »[1] Mais ces codes vestimentaires, qui peuvent déterminer le résultat d’un entretien d’embauche ou même la continuation dans un poste de travail sont tout autant sexistes. Ils renforcent l’idée que les femmes et jeunes filles ne valent que par leur capacité à plaire à cette société sexiste. 

Ces luttes pour l’autonomie corporelle et les droits des femmes ne s’arrêteront pas tant que nous continuerons à vivre sous le capitalisme. Tant qu’une minorité de bourgeois continuera à décider comment nous devons nous habiller, combien d’enfants nous devons avoir et combien d’argent vaut notre travail par rapport au même travail fait par les travailleurs hommes, nos droits et libertés seront toujours menacés. Nous ne pourrons pas éradiquer le sexisme et l’oppression des femmes sans renverser le capitalisme, et pour le renverser nous devons nous organiser. Pour savoir comment lutter, comment nous pouvons nous organiser de la manière la plus efficace et comment détruire la racine des oppressions et de l’exploitation capitaliste, contacte l’Étincelle. Nous sommes une organisation marxiste de jeunes révolutionnaires et nous nous battons pour un futur socialiste, égalitaire et libre. 


[1] https://www.tdg.ch/la-presidente-des-enseignants-suisses-ne-veut-pas-de-nombril-a-lair-594630451905