Deux tiers des femmes en Suisse affirment avoir été harcelées en public durant l’année passée. Un nouveau rapport climatique annonce que la température moyenne augmentera de 1,5 degré jusqu’en 2052. La convergence des luttes est une nécessité ! Mais comment y parvenir ?

Certes, l’idée de la « convergence des luttes » est très présente tant dans le mouvement pour le climat que dans la grève des femmes. Pourtant, il manque une perspective concrète pour faire aboutir ce grand projet. Il faut donc rendre cette « convergence en idée » concrètement apte au combat, notamment à travers un ancrage fort dans la classe salariée et ses grandes organisations.

Limites de la grève du climat

L’obstacle principal de la grève du climat est le fait qu’elle reste limitée aux étudiants. Il n’y a pas d’extension du mouvement aux autres couches de la population. La grève du climat n’a donc pas de lien avec la classe des salariés. Le résultat est très nocif: ainsi, le mouvement s’ampute carrément de sa force de frappe.

Cette affirmation semble être lourde, mais elle est tout à fait vraie: sous le capitalisme, la production de nos biens et services est profondément non-durable. En conséquence, pour sauver l’environnement, nous devons arracher la production des mains polluantes des capitalistes. Les salariés touchent au quotidien les ordinateurs et machines. Par des actions de grève et finalement par l’expropriation, les salariés pourraient mettre la production sous le contrôle démocratique. Enfin, on pourrait produire selon les besoins humains et environnementaux.

Autrement dit: les moyens pour lutter contre le changement climatique sont les moyens pour s’attaquer à la crise sociale. Il est donc indispensable de lier la lutte pour le climat aux revendications pour de bonnes conditions de vie de la population salariée (voir article p.8). La tâche de la grève du climat est de tisser des liens avec la classe ouvrière.

Grève des femmes = grève générale !

Les nombreuses femmes de la grève du 14 juin sont également à l’avant-garde de la lutte contre le capitalisme. Ce faisant, les organisatrices évoquent en permanence les raisons brûlantes pour lesquelles faire grève le 14 juin. Elles ont raison: les femmes sont particulièrement exploitées et opprimées dans la société capitaliste (voir articles p.10 et p.12). La lutte pour l’émancipation des femmes est une urgence ! Pourtant, il ne suffit pas de simplement dire pourquoi il faudrait lutter. Ce qui importe maintenant, c’est d’organiser concrètement les femmes à long terme.

La meilleure manière d’organiser les femmes se trouve sur leur lieu de travail, et ceci pour trois raisons: premièrement, contrairement aux ménages isolés, c’est dans les entreprises que les femmes se trouvent de manière concentrée, ce qui rend leur organisation infiniment plus efficace. C’est pourquoi les syndicats doivent impérativement jouer un rôle moteur. Deuxièmement, en s’organisant sur le lieu de travail, on s’attaque aux capitalistes, qui, eux, profitent à plusieurs niveaux de l’oppression des femmes. Troisièmement, c’est dans la lutte commune pour des intérêts communs (bons salaires, crèches publiques, environnement sain, etc.) que les individus dépassent leurs comportements oppressifs et diviseurs.

C’est pourquoi les hommes salariés doivent impérativement être inclus dans la grève. La classe salariée doit s’opposer à toute forme de division (selon le genre, l’origine ou autre) et s’unir contre son oppresseur commun: contre les patrons et les politiciens, qui défendent les intérêts des premiers.

Femmes, climat, convergence!

L’immense majorité tant des femmes que des étudiants font partie de la classe salariée parce qu’ils dépendent d’un salaire. C’est précisément sur cette base commune que la convergence des luttes doit se faire pratiquement. Nous – femmes, étudiants, travailleurs – sommes exploités par le même système capitaliste qui détruit la planète.

Même en tant qu’étudiants, nous avons tous des liens naturels avec des travailleurs: nos parents, frères et soeurs, potes, mais aussi nos profs ont le pouvoir de paralyser l’économie capitaliste polluante et oppressive à travers des grèves. Ce sont les travailleurs qui ont le véritable pouvoir dans la société – sous condition qu’ils soient organisés !

Voici le rôle fondamental des grèves du climat et du 14 juin: ancrer les luttes actuelles dans les entreprises auprès des salariés. Tirer les travailleurs et leurs organisations dans le combat. Faire comprendre à la classe salariée qu’elle a la tâche historique d’exproprier les capitalistes et mettre l’économie sous contrôle démocratique. Rompre avec le capitalisme, en finir avec le sexisme, sauver l’environnement. C’est la plus belle tâche que l’on puisse s’imaginer !