Les étudiant-e-s de l’Université de Fribourg ont manifesté le 9 novembre contre la hausse des taxes d’études, l’étincelle et la jeunesse socialiste y étaient, voici le rapport.

Le rectorat de l’Université de Fribourg a annoncé durant le mois d’octobre que la participation de l’Etat de Fribourg au budget était insuffisante et qu’il était donc nécessaire de combler le manque à gagner d’environ 4 millions de francs en augmentant les taxes d’études semestrielles de 180 francs et en instaurant une taxe du même montant pour les doctorants. Cette décision a été prise unilatéralement par le Rectorat de l’Université de Fribourg et les raisons motivant cette dernière reste à ce jour encore obscures.

Le conseil d’Etat fribourgeois, menant depuis quelques années déjà une politique d’austérité[1], a accepté cette hausse le jour précédent la manifestation..

Mobilisation

A l’appel de l’AGEF (association générale des étudiant-e-s de l’Université de Fribourg) et du collectif indépendant d’étudiant-e-s « Stop la hausse Fribourg », une manifestation a été organisée à l’université Miséricorde, devant le rectorat. Parmi les manifestant-e-s une majorité d’étudiant-e-s et de militant-e-s de la gauche fribourgeoise (syndicats, JS, SolidaritéS, aile gauche du PS et divers mouvements anticapitalistes) sont venus montrer leur solidarité.

Pendant deux heures, plusieurs personnes ont pris la parole pour dénoncer la hausse des taxes et, très rarement, la politique d’austérité cantonale qui ne touche pas seulement les étudiant-e-s, mais aussi les employé-e-s de l’Etat et spécialement ceux et celles de l’hôpital cantonal.

Aux alentours de 16h30, une centaine d’étudiant-e-s ont pris la décision d’aller chercher leurs collègues en cours pour qu’ils et elles se joignent à la manifestation. Le plus grand succès de cette action directe restera sans aucun doute l’interruption d’un cours de droit fiscal dans le plus grand auditoire de l’université : en effet, après environ dix minutes de vacarme, le professeur résigné a mis fin à son cours face à la détermination des manifestant-e-s,. Peu avant le début du cortège, le professeur de sciences religieuses François Gauthier, qui avait lui-même participé à la grève générale des étudiant-e-s de l’Université du Québec en 2012, a pris la parole , malgré les pressions du rectorat, afin d’apporter son soutien aux étudiant-e-s.

A la fin de son discours, le cortège s’est mis en marche jusqu’à l’hôtel de ville au son de slogans tel que « Stop à la hausse ! Uni pour tous » ou « De l’argent il y en a, dans les caisses de l’Etat » A l’hôtel de ville, le président de l’AGEF a pris la parole pour dire que la manifestation était terminée et a invité les manifestant à participer à un « barathon», autrement dit : une tournée des bars de la ville pour « montrer que les étudiants participent à la vie économique du canton»  en ne rappelant que quelques minutes plus tard et du bout des lèvres qu’une assemblée ouvertes à toutes et à tous étaient organisées dans le but de savoir quelle direction devait prendre la lutte.

Une lutte politique !

Et c’est là que le bas blesse, l’AGEF a toujours refusé de «politiser» la lutte, alors que celle-ci est intrinsèquement politique, de par le fait qu’elle concerne l’éducation au sein de la cité et étant donné que cette décision s’inscrit dans une politique d’austérité, symbole d’un capitalisme en pleine crise. L’AGEF a essayé de vendre la manifestation comme évènement « fun », presque comme une attraction pour bourgeois qui sûrement n’en referont plus jamais de leur vie, alors que la majorité des gens présents à cette  manifestation, y étaient non pas pour s’amuser en jouant au révolutionnaires mais car ils et elles s’inquiètent pour leur avenir et de la privatisation de l’accès au savoir. Preuve en est, les sifflets lancés à l’encontre du président de l’AGEF annonçant le fameux barathon et le cortège sauvage entre la place de l’hôtel de  ville et le centre Fries, lieu de l’assemblée des étudiant-e-s prévues.

Durant cette assemblée où une centaine de personnes étaient présentes, des étudiant-e-s d’autres universités touchées aujourd’hui ou hier par une hausse de taxes. Ils sont venu-e-s partager  leur solidarité et leurs expériences de lutte avec leurs échecs et victoires. Cependant l’assemblée n’a pas été aussi fructueuse qu’espérée, beaucoup de discussions stériles ont été menées et celle-ci a uniquement abouti sur la décision de faire une assemblée générale de toutes-tous les étudiant-e-s. Pourtant, la convocation à une AG étudiante est déjà un grand pas en avance car ceci signifie la création d’un organe démocratique propre aux étudiant-e-s combatif-ve-s et à leurs revendications.

Il est évident que la solution ne passera pas par les institutions bourgeoises, la prochaine assemblée générale des étudiant-e-s devra prendre des décisions stratégiques radicales. L’AGEF devrait appeler à l’AG étudiante et participer activement à l’établissement de structures démocratiques et aux futures mobilisations. Toute autre approche de la part de l’AGEF la rangerait dans le camps des institutions bourgeoises. La mobilisation a surtout montré qu’il existe à Fribourg des militant-e-s motivé-e-s à sortir du cadre institutionnel et utiliser les armes des opprimés en manifestant, en faisant la grève et menant une lutte de chaque instant. Toutefois, c’est aussi le rôle de cette base militante de faire attention que la gestion du mouvement reste constamment démocratique et que les décisions viennent de la base. Il faut aussi créer un élan de solidarité avec toutes celles et ceux qui souffrent de l’austérité dans le canton de Fribourg mais aussi au delà. Car c’est en unissant nos forces que le changement viendra et la JS ainsi que les mouvements radicaux de gauche doivent prendre ce rôle en démontrant les liens entre austérité et capitalisme en crise ainsi que faire converger toutes les luttes.

Joseph de Longeborne
JS Fribourg

[1] Pour approfondir le sujet https://www.derfunke.ch/htm/fr/suisse/lausterite-a-fribourg/