Le mouvement pour le climat semble s’enliser dans des mesures institutionnelles tel que l’état d’urgence climatique. Seule une analyse du rôle et de la fonction de l’État dans le capitalisme nous permet de comprendre son inaction et de mener à bien la lutte pour le climat.

Face au succès des récentes mobilisations pour le climat, l’appareil d’État suisse s’agite. Les partis politiques intègrent certaines promesses écologiques à leurs discours électoraux et le fameux ‘’état d’urgence climatique’’ a même été déclaré dans plusieurs cantons. Cela signifie que le mouvement exerce une pression que l’appareil institutionnel ne peut se contenter d’ignorer complètement. Même des partis n’ayant d’ordinaire aucun intérêt pour les questions liées à l’écologie, comme le PLR ou le PDC, décorent désormais leur rhétorique d’une petite peinture verte. Mais en réalité, cela signifie surtout qu’une grande partie de l’énergie du mouvement est canalisée dans des mesures parlementaires tout à fait acceptables pour ceux qui profitent de la crise écologique, à savoir, les capitalistes.

En effet, l’état d’urgence climatique ne diffère pas d’autre mesures, déclarations ou sommets (accords de Kyoto, COP21, COP24, etc) qui n’ont eu que peu ou pas du tout d’impact sur le dérèglement climatique. La situation s’est largement dégradée et la planète continue d’être saccagée pour le profit de quelques uns. Alors pourquoi l’État n’intervient-il pas dans cette catastrophe? La méthode d’analyse marxiste permet de répondre brillamment à cette question.

Qu’est ce que l’État?

De fait, ce que l’on appelle ‘’l’État’’ n’est pas un agent neutre et immuable placé au dessus de la société. D’ailleurs, si l’État n’a pas toujours existé sous sa forme actuelle, il n’a tout simplement pas toujours existé. Il émerge en effet en même tant que la sédentarisation de l’humanité, le passage progressif à l’agriculture et par là même, l’apparition de la société de classe. S’il émerge dans ce contexte précis, c’est que l’agriculture permet une production supérieure au besoin immédiat, créant donc un surproduit.Quand une minorité se l’accapare au détriment de la majorité, cette classe privilégiée doit mettre en place une force spéciale pour défendre ses intérêts de classe possédante, mais aussi pour canaliser et feindre de concilier les intérêts inconciliables (parce que contradictoires) des différentes classes. Quand les conflits entre les différentes classes s’accentuent, cette force spéciale sert d’instrument de répression de la classe dominante sur la classe dominée. Cette force spéciale, outil d’une conciliation impossible, appareil de domination d’une classe sur une autre, c’est l’État.

En outre, le caractère de classe de l’État est renforcé – sous le capitalisme – par son rôle en tant que capitaliste collectif : l’État est un outil qui permet à chaque bourgeoisie nationale d’assurer au mieux ses intérêts de classe par la politique qui lui est nécessaire. Dans un contexte de crise, les capitalistes peinent à maintenir leur taux de profit et ne sont disposés à faire aucune concession ni réforme qui pourraient nuire à leur intérêt de classe. Il ne sont disposés qu’à attaquer violemment la classe ouvrière au moyen de contre-réformes et surtout à exploiter et à détruire toujours plus la nature. Alors, lorsque la révolte gronde en réaction à ces attaques, la classe dominante n’hésite pas à utiliser le pouvoir d’État pour réprimer de manière systématique la classe dominée.

Utiliser l’État bourgeois pour sortir de la crise?

Ainsi, nous comprenons maintenant la contradiction fondamentale de la résolution de la crise climatique par des voies institutionnelles. En effet, une véritable politique en faveur de la protection de l’environnement serait en contradiction fondamentale avec les intérêt de la classe capitaliste. C’est pourquoi elle ne pourrait jamais être menée par un État essentiellement soumis à la défense de ses intérêts de classe. La déclaration d’un état d’urgence climatique est donc une mesure vide de contenu, qui n’inquiète personne, n’est pas contraignante et qui absorbe et dirige la radicalisation d’une masse de jeunes dans des canaux institutionnels que la classe capitaliste maîtrise parfaitement.

Cependant, cela ne veut pas dire que toute revendication avancée au sein du système institutionnel est parfaitement inutile, mais il faut être conscient de leurs limites et les appréhender avec une approche révolutionnaire. La participation au parlement ou l’élaboration de revendications transitoires doit avoir un objectif clair : dévoiler le caractère de classe profondément conservateur de l’État par son incapacité à faire la moindre concession allant à l’encontre des intérêts bourgeois. Pour finir, rappelons-nous que c’est notre immense classe qui détient le pouvoir de changer le système et de sauver l’environnement ; tout cela doit être limpide quand on a pour objectif de sauver la planète et l’Humanité d’une catastrophe sans précédent, ne sous-estimons pas notre force !