[dropcap]S[/dropcap]ur les plaines enneigées du Dakota du Nord, les Sioux de Standing Rock ont mené – et remporté – une lutte de plus de six mois pour défendre leurs terres et leur source d’eau potable. Ils ont refusé de plier face à la répression d’Etat et au patronat. Cette lutte, la plus grande menée par des natifs américains depuis des décennies, a suscité une solidarité dépassant largement les communautés indigènes.

Leur mobilisation s’opposait à un projet de pipe-line censé traverser la rivière Missouri, seule source d’eau potable pour la réserve de Standing Rock. En cas de fuites de pétrole, cela aurait signifié la contamination des eaux, et donc des risques sanitaires graves. Récemment, la rivière Yellowstone a été contaminée lorsqu’un pipe-line défectueux a déversé plus de 100 000 litres de pétrole brut.

Cette lutte fut aussi l’occasion de mettre en lumière les conditions de vie dans les réserves amérindiennes. A Pine Ridge (Dakota du Sud), par exemple, le taux de chômage est de 80 à 90 %, le revenu annuel médian est inférieur à 4 000 dollars et l’espérance de vie est de 48 ans pour les hommes, 52 ans pour les femmes.

L’échec de la répression

La lutte de Standing Rock a généré un élan de solidarité parmi de nombreuses communautés amérindiennes, mais aussi au-delà. Des convois de ravitaillement ont été envoyés de tout le pays. Des milliers de personnes ont rejoint les militants occupant le site de construction.

La répression a été brutale. Des centaines de manifestants ont été arrêtés ou attaqués par des vigiles privés et des policiers armés de Tasers, de balles en caoutchouc et même de canons à sons. Mais la répression n’a fait qu’accroître la solidarité. Ainsi, deux anciens combattants des guerres d’Irak et d’Afghanistan ont organisé la mobilisation de près de 4 000 vétérans pour protéger les manifestants et leur servir de boucliers humains face à la police. Cette initiative a été condamnée par les dirigeants des associations d’anciens combattants du Dakota du Nord, proches du patronat, mais elle a suscité l’enthousiasme d’une grande partie de la jeunesse et des travailleurs, dans tout le pays.

L’ampleur de la mobilisation a finalement contraint le gouvernement fédéral à faire machine arrière et annuler le projet sous sa forme initiale. C’est une première victoire importante, qui a montré la possibilité d’unir dans la lutte différentes catégories de la population exploitée et opprimée.