L?e 14 février, le journal britannique The Guardian publiait un article sur François Hollande dans lequel ce dernier déclarait qu’« il n’y a plus de communistes en France… Ou plus beaucoup ».

Arrogance d’un candidat favori qui cherche à rassurer les spéculateurs d’outre-Manche ? C’est ce qu’ont pensé de nombreux militants communistes. Mais on ne doit pas écarter une autre hypothèse : comme François Hollande ne fréquente pas beaucoup les manifestations de travailleurs, il n’a pas souvent l’occasion de croiser des militants communistes. Naturellement, il en est venu à conclure qu’il n’y en avait plus, « ou plus beaucoup ».

Lors de cet entretien avec la journaliste du Guardian, Hollande a expliqué que les banquiers de la « city » londonienne pouvaient dormir tranquilles dans leurs draps de soie, car « la gauche a gouverné pendant 15 ans, au cours desquels nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations ». Autrement dit, s’il est élu, il ne remettra pas en cause cette politique désastreuse qui s’est traduite – entre autres – par une dégradation générale des conditions de travail dans les entreprises privatisées (France Télécom, Air France, Aérospatiale, etc.).

Quelques semaines plus tôt, dans un meeting au Bourget, le même avait pourtant déclaré que son « ennemi principal » était « le monde de la finance ». Les deux positions n’étant pas conciliables, on ne peut en retenir qu’une seule. Laquelle ? L’article du Guardian nous aide à trancher. Voici comment il caractérise le programme de François Hollande? : « Son projet est plus tiède que tous ceux défendus par les candidats socialistes avant lui. Il ne contient aucune des promesses classiques des candidats de gauche, telles que l’augmentation du SMIC et des salaires en général. Il se concentre sur la réduction des déficits publics. Sa mesure la plus concrète concernant les banques – une loi séparant leurs activités de crédit et leurs « opérations spéculatives » – est déjà à l’étude en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis ».

The Guardian n’a aucun intérêt à présenter les idées de François Hollande comme plus à droite qu’elles ne le sont réellement. Ces quelques lignes résument très bien la situation. Le programme de François Hollande est effectivement « plus tiède » que ne l’étaient ceux de François Mitterrand, Lionel Jospin et même Ségolène Royal. La raison en est simple : Hollande n’a pas l’intention de s’attaquer à la domination des « marchés » – c’est-à-dire de la classe capitaliste – sur l’économie du pays. Or, du fait de l’extrême gravité de la crise actuelle, les capitalistes exigeront des coupes drastiques dans les budgets sociaux. François Hollande le sait, l’anticipe, l’approuve. Il veut rassurer les marchés, qui ne craignent pas l’eau tiède.

Si François Hollande est présent au deuxième tour face à la droite, la masse des électeurs qui veulent se débarrasser de Sarkozy portera ses voix sur son nom, ce que nous comprenons. La Riposte ne se tiendra pas à l’écart du combat pour chasser la droite. Nous appellerons à voter pour François Hollande. Mais nous dirons la vérité aux jeunes, aux travailleurs, aux chômeurs et aux retraités. Si le candidat socialiste est élu, aucun des problèmes auxquels la masse de la population est confrontée ne sera réglé. Dans les mois qui suivront sa victoire, Hollande s’engagera dans une politique comparable à celles qu’ont mené Papandréou en Grèce et Zapatero en Espagne, c’est-à-dire une politique de rigueur en tous points semblable à celles que mènent les gouvernements de droite. Pour défendre leurs droits et leurs conditions de vie, les travailleurs devront reprendre le chemin des luttes massives. Les dirigeants du PCF devraient les prévenir très clairement de ce qui se prépare et expliquer sans plus attendre qu’ils ne participeront pas à un gouvernement socialiste, car le PCF sera du côté des jeunes et des travailleurs qui lutteront contre sa politique.