Le 16 septembre 2019, près de 50,000 membres du syndicat américain United Auto Workers (UAW) travaillant pour le constructeur américain d’automobiles General Motors (GM) se sont mis en grève. Cette lutte offensive est symptomatique d’un nouveau stade de la lutte des classes aux Etats-Unis.

Alors qu’en 2008, GM bénéficiait de plans de sauvetage et licenciait des milliers de travailleurs, aujourd’hui, elle ne se défait toujours pas de la crise. L’industrie de l’automobile n’est pas épargnée et souffre d’une récession importante. Ce n’est pas seulement la baisse en demande qui impacte ces entreprises, mais aussi la guerre commerciale dans laquelle c’est lancé les Etats Unis avec la Chine. Ceci se caractérise à GM par l’annonce de licenciements massifs, les attaques envers les conditions de travail et la fermeture d’usines.

Les faiblesses des directions syndicales

Suite à plusieurs tentatives de négociations, il ne reste qu’une seule solution pour les travailleurs de GM – ils se sont mis en grève pendant plus d’un mois. Les travailleurs sont organisés dans le UAW depuis leurs premières luttes dans les années 30 mais des années de compromis et de collaboration syndicale avec les capitalistes ont affaibli les forces du syndicat. 

En 2008, l’UAW a fièrement annoncé à ses membres avoir négocié avec GM un moratoire de 3 ans pour les licenciement prévus, juste pour voir GM annoncer le licenciement de 2600 travailleurs quelques mois plus tard. Maintenant, avec l’argument qu’il fallait respecter la fin du contrat, UAW n’a pas voulu appeler à la grève avec le syndicat canadien en février 2019 lors de l’annonce de la suppression des 14,000 postes. Le résultat? Cela a donné le temps à GM de stocker la marchandise pour pouvoir la livrer aux concessionnaires en cas de grève. Pour le moment, les seuls à vouloir se livrer à un partenariat social avec les capitalistes, c’est la direction de UAW.

Pour une lutte de classe offensive ! Pour la convergences des luttes !

Malgré le rôle nocif de ses bureaucrates, le syndicat s’est vu forcer de faire appel à la grève suite à la combativité des travailleurs, qui s’est ensuite manifestée par leur participation massive. Encore plus significatif est le caractère particulièrement offensif de cette grève, avec des revendications qui vont bien plus loin que les simples demandes syndicales. 

Une fois la grève lancée, les transporteurs de véhicules se sont positionnés en solidarité avec la grève et ont cessé leurs activités de transport de voiture vers les concessionnaires.  Au total, un demi million de travailleurs ont participé à des grèves en 2018. Malgré cela, l’UAW n’a pas su profiter de cet élan en appelant pour une convergence avec les autres mobilisations dans le pays ou même en créant des liens entre les chauffeurs et les travailleurs GM.

Le 25 octobre la grève a pris fin suite à un accord entre l’UAW et GM. Le contrat négocié implique, entre autres, une augmentation salariale de 3% et une voie vers le statut d’employés fixes pour certains temporaires. Il est clair que l’UAW a cherché à trouver des solutions qui puissent rentrer dans le cadre du budget de GM – c’est une stratégie qui n’a pas inspiré grande confiance au sein de la base des travailleurs, le vote est passé avec seul 57% de soutien. Il reste une quasi-moitié de la base qui ne voulait pas lâcher la lutte contre la fermeture des usines et les licenciements.

Les mobilisations de la classe ouvrière américaine n’en sont qu’à leur début, et chacune de ces luttes nous apportent des leçons précieuses – cette grève nous permet de tirer plusieurs conclusions. Premièrement, le succès de ces mouvements se repose sur leurs capacité à converger avec les autres luttes au niveau international, avec les luttes des travailleurs GM au Canada et en Europe, mais aussi avec les vagues de grève qui ont lieu depuis 2018 aux Etats Unis. Deuxièmement, une direction décisive et combattante est nécessaire pour mener à bien les revendications des travailleurs. Finalement, cette grève envoie un message important à la classe ouvrière américaine – non seulement il est possible de converger nos luttes, mais il est aussi possible pour nous d’engager des luttes combatives et d’en finir avec la collaboration de classe !