En tant que révolutionnaires, nous voulons venir à bout de ce système de classe. En tant que marxistes, nous savons que pour cela, il nous faut une analyse concrète : Quels champs de lutte à venir identifions-nous? Autour de quel programme devons-nous nous organiser pour faire avancer ces luttes ? 

Avec la pandémie du coronavirus, la crise mondiale du capitalisme a pris des proportions sans précédent. Des reprises conjoncturelles sont certes encore possibles, mais ce sont des phénomènes superficiels. Non seulement la surproduction à l’échelle mondiale intensifie la concurrence entre les capitalistes, mais elle pose aussi la question de la lutte des classes avec une acuité croissante – en Suisse aussi.

Selon les capitalistes, c’est à nous, les salariés et nos familles, de payer la crise au prix de notre santé, de nos salaires, de nos emplois et nos systèmes sociaux ! On voit de plus en plus clairement que sur toutes ces questions, le Conseil fédéral défend le profit des banques et des entreprises. Le fait que la confiance envers le Conseil Fédéral ait chuté de façon historique l’année dernière, montre que les contradictions de classe ne peuvent pas être éternellement dissimulées. La période à venir obligera de plus en plus les salariés à lutter. 

Où s’affrontent les classes?

Dans les entreprises : le chômage a augmenté de 40% par rapport à l’année précédente. Et ce, malgré les indemnités de chômage partiel et les prêts Covid qui maintiennent les entreprises artificiellement en vie. La Suisse n’échappe pas à la crise économique mondiale. Les attaques contre les salaires et les conditions de travail vont continuer à se multiplier, tout comme les licenciements massifs. Il s’agit d’un mélange explosif et nous devons nous attendre à ce que davantage de luttes du travail éclatent localement, notamment contre les licenciements massifs, l’externalisation ou les fermetures d’entreprises. 

Mesures d’austérité : Le plus gros baril de poudre est clairement le système de santé. Après des décennies de politique d’austérité, toute l‘ampleur la pénurie de personnel  se montre avec le Coronavirus : les « héros » passent leur quotidien entre burnout, morts dus au Covid et qualité des soins en baisse – l’ambiance dans les hôpitaux et les établissements de soins est explosive. Par le passé, les attaques contre les systèmes publics de santé, d’éducation et de services sociaux ont déjà provoqué des mouvements de protestation. À l’avenir, les attaques vont encore s’intensifier : Tous les plans d’aide ficelés aujourd’hui seront déchargés sur la classe ouvrière demain – Avenir Suisse prévoit des plans d’austérité de 5 milliards de francs par an pendant la prochaine décennie. S’y ajoutent les attaques contre nos retraites, cette année avec la contre-réforme AVS-21. 

Jeunesse poudrière : la jeunesse suisse se débat avec des craintes pour l’avenir – pendant la pandémie, la situation des apprentissages et de l’emploi s’est à nouveau massivement dégradée. De plus, les jeunes sont plus sensibles aux grandes questions sociales que le reste de leur classe. Ces dernières années, nous avons assisté à des mouvements de protestation dénonçant le traitement des réfugiés et des migrants, contre les néonazis et les violences policières, contre les mesures d’austérité dans l’éducation, contre le sexisme, l’oppression des femmes et le racisme, et plus récemment contre le changement climatique. Les jeunes ont été à l’avant-garde de ces mouvements et beaucoup en tirent des conclusions anticapitalistes toujours plus radicales : Des couches de plus en plus larges sont toutes ouvertes aux idées révolutionnaires, et de nombreux grévistes du Climat ont compris que gagner la classe ouvrière est la tâche centrale de la jeunesse. Ce qui est clair, c’est qu’aucun des problèmes qui ont donné l’impulsion à ces mouvements n’a même seulement commencé à être partiellement résolu. C’est pourquoi il suffit d’une étincelle pour relancer ces mouvements.

Comment pouvons-nous gagner?

Des mouvements de protestation et des luttes défensives dans les entreprises sont inévitables. Nous soutenons chacune de ces luttes et toutes les revendications d’amélioration ici et maintenant. Mais en même temps, nous déclarons que dans les conditions de la crise, les méthodes de lutte les plus impitoyables contre les capitalistes sont nécessaires – même pour des victoires partielles. Toutes les améliorations que les patrons et leur gouvernement nous concèdent d’une main, ils essaieront de nous les reprendre de l’autre. C’est pourquoi il faut des revendications et des méthodes de lutte qui garantissent notre niveau de vie à long terme et qui montrent une véritable issue à la crise du capitalisme. Nous exigeons : 

Le droit au travail pour tous!
  • Arrêt des licenciements, pleine garantie de salaire et un salaire minimum qui permette de vivre! 

Là où les capitalistes veulent conduire des licenciements massifs, nous exigeons l’ouverture des livres de compte ! Ce n’est que de cette manière que nous pouvons dénoncer les mensonges et les machinations des patrons ! Si les capitalistes refusent de suivre nos demandes, nous exigeons leur nationalisation par expropriation et le maintien de l’activité sous le contrôle des travailleurs !

  • Réduction du temps de travail avec maintien des salaires ! Face au manque artificiel d’emplois et à la division entre chômeurs et salariés, nous devons exiger la répartition de tout le travail entre tous ceux capables de travailler. Il est inacceptable que les uns se tuent au travail pendant que d’autres sont à la recherche d’un emploi !

Le droit à la santé, à l’éducation et à une vie digne!

  • Retrait de toutes les mesures d’austérité et des privatisations des dernières décennies ! La crise a montré au contraire qu’il y a besoin d’une expansion massive des systèmes de santé, d’éducation et  de services sociaux. Pour une augmentation massive du personnel, il faut des augmentations de salaire immédiates et une réduction drastique du temps de travail, ainsi que des investissements dans la formation !
  • Mise en place d’un système de garde d’enfants généralisé, gratuit et de qualité !
  • Création d’une assurance maladie unique bon marché, couvrant également les traitements de santé mentale !
  • Création d’une retraite populaire qui garantit une pension suffisante pour tous !

Nous ne paierons pas votre crise!

  • Nationalisation des banques et assurances sous le contrôle de la classe ouvrière ! Au lieu de sauver les profits des banques et des compagnies d’assurance avec des aides de l’État, nous devons arracher les banques aux mains du privé et du motif du profit, et les mettre sous le contrôle de la société. La classe ouvrière produit toute la richesse de la société. Elle doit pouvoir déterminer elle-même les domaines dans lesquels les investissements sont réalisés – d’autant plus lorsqu’il s’agit de garantir la santé, l’éducation et la sécurité sociale de nous tous !
  • Nationalisation de la grande industrie et de la pharma sous le contrôle des travailleurs ! Aucun profit ne doit être réalisé au détriment de notre santé ! L’industrie pharmaceutique devrait s’orienter vers la lutte contre la pandémie, une vaccination efficace et complète et une stratégie de dépistage. La même chose vaut pour le changement climatique : ce n’est que si nous nationalisons la grande industrie sous le contrôle des travailleurs que nous pourrons immédiatement commencer à orienter la production vers les énergies renouvelables et ainsi atteindre cet objectif de 0 émission d’ici 2030. 

Un programme socialiste est nécessaire et possible!

La richesse de la société de nos jours est absolument suffisante pour permettre une vie bonne, sûre et saine pour tous. Toute la richesse est créée par nous, la classe ouvrière – nous avons potentiellement le pouvoir de la contrôler et de la gérer collectivement. Les capitalistes et leur propriété y font obstacle. Un programme socialiste est donc non seulement nécessaire, mais possible. Pouvoir mettre en œuvre ce programme est une question de rapport de force entre classes. Elle ne peut être résolue que dans la confrontation directe entre les classes ! En tant que marxistes et révolutionnaires, nous nous sommes donné la tâche de porter dans les luttes à venir un programme pour résoudre la misère croissante et de le défendre contre les méthodes rétrogrades et les solutions factices des réformistes. Ensemble, nous nous préparons avec les couches les plus conscientes des travailleurs et de la jeunesse pour l’école de la lutte des classes qui vient – nous avons un monde à gagner !

Olivia Eschmann SSP Berne