Pour sa troisième édition, l’Ecole Francophone de la Tendance Marxiste Internationale a rassemblé plus de 70 personnes. Le 14 et 15 décembre, des membres et sympathisant-e-s de Suisse, France, Belgique, ainsi que d’Allemagne, se sont retrouvés à la frontière suisse pour échanger sur leurs expériences et se former politiquement.

Les idées sont en effet la base de la tactique et de la stratégie révolutionnaires. Il est impossible de combattre sérieusement le capitalisme sans le comprendre, sans l’analyser scientifiquement. C’est pour cela que la TMI accorde une telle importance à la formation théorique de ses militants. Ce n’est qu’ainsi que nos actions et notre militantisme peuvent réellement être efficace et que nous pourrons construire une organisation solide, capable de résister aux pressions et à l’atmosphère de corruption que répand le capitalisme en crise.

Dans ce but, les sujets abordés étaient variés, avec des exposés théoriques, historiques, ainsi que des questions internationales, puisque nous vivons dans un système capitaliste mondialisé.

Le samedi matin a débuté par deux ateliers aux thèmes complémentaires, l’un sur le rôle des organisations révolutionnaires et principalement du parti d’avant-garde, l’autre sur les différences entre le marxisme et l’anarchisme. En effet, la nécessité d’une organisation révolutionnaire et son rôle dans la lutte des classes comptent parmi les principales divergences entre le marxisme et l’anarchisme. Pour les marxistes, l’expérience de toutes les révolutions depuis l’apparition du capitalisme démontre (de façon négative ou positive) la nécessité pour les travailleurs de disposer d’une organisation capable de digérer l’expérience des luttes passées et de la transmettre sous la forme d’un programme et d’une méthode de lutte révolutionnaires. En l’absence d’une telle “direction”, la révolution ne peut qu’être désorientée, et finalement vaincue – comme ce fut le cas avec la Commune de Paris en 1871 ou la révolution soudanaise l’an dernier.

Après ces deux ateliers, une séance plénière a abordé les perspectives mondiales. L’exposé sur la situation économique et politique à l’échelle internationale et la discussion qui a suivi a notamment permis de revenir sur la multiplication récentes des révoltes et des crises révolutionnaires aux quatre coins sur la planète. Cette série de soulèvement révolutionnaire a montré que les masses étaient prêtes et capables de se mobiliser contre le capitalisme, qui est incapable de satisfaire les besoins élémentaires de l’humanité comme de protéger la planète d’une catastrophe environnementale annoncée.

Cette discussion a été suivie de deux ateliers historiques. Le premier portait sur la guerre d’Algérie, un sujet assez peu étudié en général, particulièrement en ce qui concerne le comportement de la gauche pendant cette période. Le second traitait de la Révolution française, une des révolutions bourgeoises ayant été menées le plus loin. Aujourd’hui, près de deux siècles après le triomphe politique de la bourgeoisie, l’heure est à notre révolution, celle des salariés et des pauvres.

Le samedi soir, après une collecte record qui a fait (si besoin était) une nouvelle démonstration de l’enthousiasme des camarades en récoltant près de 1 400€, la soirée a permis aux participants d’échanger dans un contexte plus festif et informel, avec notamment un tour de chants révolutionnaires!

Le lendemain matin, un atelier a abordé la question de la violence, un sujet particulièrement d’actualité en ces heures de violences policières. Parallèlement, un autre abordait un autre sujet complexe: le bonapartisme. Pour les marxistes, ce nom désigne un régime politique dans lequel l’Etat s’émancipe dans une certaine mesure de la tutelle immédiate de la classe dirigeante tout en continuant à servir ses intérêts. C’est le type de régime qui existe actuellement en Iran ou en Chine, et la montée des mobilisations révolutionnaires nous oblige à étudier sérieusement cette “roue de secours” de bourgeoisie.

L’école s’est conclue par une séance plénière sur la vie et les idées de Léon Trotsky, qui sont souvent caricaturées, voire carrément falsifiées par les historiens bourgeois comme staliniens. Après avoir été un des architectes de la révolution russe de 1917, Trotski a été un des principaux animateurs de la lutte contre le stalinisme en URSS et à l’échelle internationale, et l’a payé de sa vie.

Au delà de son rôle de formation, cette école a aussi été l’occasion de démontrer l’enthousiasme et l’optimisme des camarades, deux éléments sans lesquels il est impossible de construire une organisation révolutionnaire à la hauteur des événements qui nous attendent.

©Ophélie Capdevielle