En tant que seule véritable force de gauche au sein du mouvement ouvrier suisse, la Jeunesse Socialiste doit lutter contre la logique de compromis de classe comme elle est exercée par la diréction du PS et des syndicats. Voici une résolution que «l’étincelle» a amené pour la prochaine assemblé de délégués le 6. juin.

La pandémie de coronavirus déclenche la crise la plus profonde et la plus globale du système capitaliste. La crise touche également la Suisse, mais ne fait que commencer. Les lourdes aides d’État ne peuvent pas empêcher les vagues de faillites et le chômage de masse, mais peuvent tant bien que mal les retarder. Au sein du système capitaliste, il n’y a qu’une seule manière de « résoudre » la crise : une longue période de violentes attaques envers les salarié·e·s. Leurs couches les plus précaires (les jeunes, les pauvres, les femmes, les sans-papières*ers et les demandeuses*eurs d’asile) seront, comme toujours dans le capitalisme, les plus touchées. Néanmoins, aucune couche de salarié·e·s n’en sortira indemne : les conditions de vie et de travail de de la classe salariée seront dans leur globalité attaquées. Un avant-goût : aujourd’hui déjà, des travailleuses*eurs de tous les niveaux de formation sont licencié·e·s dans des proportions similaires en Suisse. Le système capitaliste n’a à l’humanité – à l’exception de quelques capitalistes – que la misère à offrir. Socialisme ou barbarie : cette alternative est déjà et devient de plus en plus une réalité crue, en Suisse également. La question cruciale est désormais de savoir : comment nous décidons-nous pour l’alternative qu’est le socialisme ? À quoi devrait ressembler une politique socialiste aujourd’hui ?

Pas d’illusions dans l’État : bâtissons notre propre force !

La seule issue à la crise, à notre sens, est de rompre avec le système économique capitaliste. Les mesures prises par le Conseil fédéral à la suite de la pandémie du coronavirus en sont la preuve : l’État bourgeois ne soutient pas la libération des exploité·e·s, bien au contraire. L’État tente, dans l’intérêt de la classe capitaliste, de sauver l’économie du profit. Le plan de sauvetage de 60 milliards implique, d’une part, des milliards pour les grands capitalistes et d’autre part, l’austérité pour la classe ouvrière. Il fait également augmenter la dette nationale. Les capitalistes et leurs laquais politiques « prieront » la classe ouvrière de passer à la caisse. En outre, laisser fonctionner les secteurs non « essentiels » de la production et lever le semi-confinement beaucoup trop tôt ne sert que les intérêts des capitalistes et met en danger la santé des salarié·e·s. Les appels à l’État ne nous mèneront nulle part. Cela ne nous apportera rien de revendiquer de la part du Conseil fédéral ou de l’État bourgeois la promulgation, de sa propre initiative, de lois ou d’interdictions dans l’intérêt de la classe ouvrière. Nous ne pouvons pas placer nos attentes dans l’État bourgeois et attendre que celui-ci mette en œuvre des revendications contraires aux intérêts du capital. Une politique socialiste implique de ne pas avoir d’illusions dans l’État bourgeois ! Contre toute politique demandant à l’État d’aider la classe capitaliste ! Bâtissons notre propre force !

La « crise du coronavirus » révèle que ce sont les soignant·e·s, les médecins, les vendeuses*eurs et les ouvrières*ers du bâtiment – et non les mécènes ou les banquières*iers – qui créent tout ce qui est essentiel à cette société. L’importance de la classe ouvrière s’est également vue très clairement lors des mesures d’assouplissement du confinement prises par le Conseil fédéral : seul·e·s les travailleuses*eurs et les jeunes peuvent décider quand et comment les usines, les magasins et les écoles peuvent rouvrir. La classe ouvrière n’a aucune obligation à faire des bénéfices. Ses intérêts sont des conditions de vie sûre et saine. La nécessité d’un contrôle ouvrier ne s’applique pas seulement aux mesures sanitaires pendant la pandémie, mais à tous les domaines de la vie économique et sociale. Dans les usines, les écoles et les quartiers, ce sont les travailleuses*eurs qui font fonctionner la société ; ce sont donc elles et eux qui doivent décider de la manière dont la société doit fonctionner !

Sans le consentement de classe ouvrière, aucune roue ne tourne, aucun téléphone ne sonne et aucune ampoule ne s’allume. C’est la seule force sociale capable de renverser le capitalisme. La lutte autonome de la classe ouvrière est la seule issue à la crise du capitalisme. Une politique socialiste implique de rendre la classe ouvrière et la jeunesse aptes à la lutte : répandre dans leurs esprits l’idée que ni les capitalistes ni leur État ne résoudront leurs problèmes, au contraire, qu’elles et ils sont les seul·e·s à pouvoir lutter pour une sortie de la crise. Nous devons nous adresser directement, par tous nos canaux, aux salarié·e·s et aux jeunes les plus avancé·e·s ; nous devons énergiquement les appeler à parler de nos revendications dans leurs usines et leurs écoles ; à rejoindre la JS et à lutter avec nous pour ces revendications – et à les porter avec nous dans les grandes organisations ouvrières, car avec elles la classe devient capable d’agir sur un large front.

Contre la politique des compromis : luttons pour une aile gauche !

La classe capitaliste sera obligée, en raison de la profonde crise qui s’annonce, de s’en prendre tout aussi profondément aux travailleuses*eurs. Cela a déjà commencé. Les licenciements ont déjà conduit à une augmentation de 43% du chômage en comparaison avec l’année précédente. Et les bourgeois·e·s montrent ce qui vient : détricotage du droit du travail et mesures d’austérités sur le long terme, par exemple pour les retraites. Nous devons combattre ces attaques, sinon la classe ouvrière paiera seule et dans son entier cette crise capitaliste. Pour cela, les salarié·e·s ont besoin des grandes organisations socialistes – et de la JS.

L’actuelle direction du PS tente de concilier ce qui est inconciliable : les intérêts de la classe ouvrière et ceux de la bourgeoisie – ce faisant, elle est tout sauf du côté des salarié·e·s. Elle soutient les mesures du Conseil fédéral. C’est un double service rendu au capital. Premièrement, elle soutient toutes les mesures prises par le Conseil fédéral visant à sauver le capitalisme, qui est à l’origine de l’actuelle crise et qui n’a rien d’autre à offrir qu’une détérioration des conditions de vie des salarié·e·s. Ainsi, elle fait, deuxièmement, du PS l’un des principaux moyens politiques de la bourgeoisie pour freiner la classe ouvrière. Elle renonce à toute opposition de gauche à la politique du Conseil fédéral. Les salarié·e·s ne sont donc confronté·e·s qu’à des réponses à la crise bourgeoises : aucun grand parti ne leur présentant des réponses cohérentes et des moyens de s’en sortir allant dans leur intérêt. La direction du PS freine ainsi l’opposition organisée de gauche à cette politique d’attaque. Ce faisant, elle favorise la passivité des salarié·e·s et leur subordination aux intérêts du capital.

La JS est jusqu’à présent le seul parti national ayant souligné le caractère de classe de la crise. Elle n’a, cependant, pas critiqué les dirigeant·e·s du PS pour leurs politiques qui dissimulent les antagonismes de classe et entravent les activités des salarié·e·s. Nous devons être maintenant cohérent·e·s : une politique socialiste implique de lutter au sein des organisations de masse de la classe ouvrière contre la politique des compromis de la direction du PS et pour un programme combatif dans l’intérêt de la classe ouvrière !

Du duo de candidat·e·s de gauche à la présidence du PS, Wermuth et Meyer, nous exigeons comme condition de notre soutien un programme minimal s’opposant inconditionnellement à toute attaque contre les salarié·e·s : contre toutes les mesures dangereuses pour la santé du Conseil fédéral ; pas de plan de sauvetage d’entreprises capitalistes et de « collectivisation » des coûts ; arrêt complet des licenciements et maintien à 100% des salaires ; contre toute attaque contre l’âge de la retraite.

Socialisme ou barbarie : nous sommes la goutte d’eau pouvant faire déborder le vase !

Si le capitalisme n’est pas renversé, les conditions de vie des exploité·e·s et des opprimé·e·s deviendront de plus en plus barbares – respectivement détruites (mot-clé : crise climatique !). Alors, pour le socialisme ! Donc, pour la politique socialiste :

  • Contre toute illusion dans l’État bourgeois : pour l’organisation des travailleuses*eurs et des jeunes au sein de la JS dans le cadre d’un programme de lutte ayant une claire vision classiste !
  • Contre la politique des « compromis » de classe au sein du PS et des syndicats : luttons pour un programme révolutionnaire au sein du PS et des syndicats !