La ville de Bienne a voté le 24 novembre sur le budget de la ville (et sur la 1 : 12, bien sûr). L’acceptation de ce budget, qui prévoit un déficit de 4.4 millions, a été précédée d’une véritable bataille. Le débat de fond (« augmentation d’impôt ou coupes budgétaires ») a été mené, mais malheureusement perdu. En revanche, on peut facilement répondre au « pourquoi » de ce déficit.

 

 

La conséquence des réductions
Bienne fait partie des nombreuses communes du canton de Berne qui se voient affectées par un fort déficit dans leurs finances. Des situations semblables ne peuvent pas surgir de problèmes isolés. Le principal responsable des déficits est la réforme fiscale cantonale de 2010. Celle-ci  permet des prévisions de diminution de recettes de 202,5 millions pour le canton et 106,6 millions pour les communes dès 2012.

« L‘une des principales causes de la situation financière tendue de la Ville de Bienne est le recul des recettes fiscales ordinaires issues des personnes physiques et morales suite aux réformes de l‘imposition menées par la Confédération et le Canton. »

(Communication de la Ville de Bienne, 17.9.2013)

Aujourd’hui, cet argent manque fortement dans les communes. Les partis de droite crient à l’unisson qu’il faut un budget équilibré, c’est-à-dire des épargnes sur le dos des travailleurs. Et les représentants bourgeois se lancent à la course des coupes les plus antisociales. Soyons clairs, les politiciens bourgeois sont les représentants organiques de la couche de la population qui tire un profit énorme de la baisse d’impôts : la classe bourgeoise.

Car un village peuplé d‘irréductibles Biennois résiste encore et toujours…
Dans la ville de Bienne, les coupes touchent principalement les retraités, les jeunes et les employés du secteur public. A ceux qui dépendent de l’AVS, ils retirent une subvention à l’abonnement aux transports publics, dans le secteur public règne un moratoire d’engagement et à la jeunesse ils retirent une grande partie des subventions aux institutions sociales et culturelles. La liste est encore longue. Mais des jeunes et des travailleurs du secteur de la culture sont déterminés à ne pas recevoir les coups sans résistance.

Le réseau « Centre Autonome de Jeunesse » (CAJ) et le X-Project, qui gèrent ensemble des dizaines de projets sociaux et culturels, dont la Coupole, la « Gassenküche » (soupe populaire) et d’autres institutions socioculturelles ont organisé la résistance. Ces institutions étaient menacées de coupes qui auraient mis en question le maintien de leurs activités. Le mouvement « Bienne Bouge » était créé. Ce dernier a organisé, lors de la séance sur le budget du conseil de la ville, un rassemblement devant le parlement. Plusieurs centaines de jeunes et d’acteurs culturels y ont assisté. Et ils ont eu du succès ! Les coupes au CAJ sont réduites de moitié, soit une réduction de 35‘000 (28%). Le X-Project quant à lui est désormais épargné par les coupes. Cette mobilisation montre ce qui est possible quand les personnes concernées s’organisent et défendent leurs intérêts.

La légitime défense
Particulièrement dans une ville comme Bienne, les institutions sociales sont cruciales. Les réseaux comme le CAJ sont l’héritage d’innombrables luttes et souvent d’anciens projets d’auto-organisation aujourd’hui subventionnés par l’Etat. Le budget pour 2014 doit être rejeté parce qu’il contient encore davantage de coupes antisociales. « Bienne Bouge » a montré l’exemple, qui peut être reproduit sur une plus large échelle si toutes les personnes concernées se mobilisent, appuyées par les partis de gauche et les syndicats.

  • Contre toutes les mesures d’austérité dans les communes du canton de Berne
  • Pour l’annulation de la réforme fiscale bernoise de 2010
  • Pour l’introduction d’un impôt fortement progressif sur les hauts revenus

 

 Caspar Oertli

JS Genève

 

 

Romandie

Des mesures d’austérité apparaissent à l’horizon de toute la Romandie. Dans le canton de Fribourg 100 millions devront être épargnées, 70% par diminution de dépenses, 30% par augmentation de a recette. Sources du déficit: „le ralentissement de la conjoncture“ et „la diminution du montant versé par la banque nationale“, d’une parti résultat des dépenses pour la stabilité du taux de conversion du Franc Suisse. Le budget du canton de Neuchâtel a fait descendre dans la rue 400 personnes à La Chaux de Fonds le 16 novembre. 24 millions vont être coupées. Le déficit restant (25.6 millions) dépasse la limite du « frein à l’endettement ». Le conseil d’état, majoritairement de gauche, y veut fermer un œil et poursuit la réforme fiscale (qui est une source majeure du trou budgétaire). Et au Valais la querelle autour du budget 2014 vient de commencer avec un rejet à quasi-unanimité de la proposition. L’idée préféré de Oskar Freysinger: couper 3 millions dans les bourses d’études universitaires.