« Depuis plusieurs années, le canton de Genève vit structurellement au-dessus de ses moyens ». Ainsi commence le Communiqué de Presse officiel du Conseil d’État par rapport au nouveau budget cantonal 2015. Il est étonnant de voir que c‘est presque la même excuse qui est donnée dans des pays du sud de l‘Europe comme la Grèce et qu‘on cache également sous le masque du « structurel » (alors que c‘est une question de choix politique) pour justifier l‘application de plans d‘austérité avec les conséquences sociales qu‘on connaît.

 

Le 18 septembre 2014 dernier, le Conseil d’État (CE) a présenté sa proposition de budget cantonal pour l‘année 2015. Pour atteindre un « budget équilibré », il nous a préparé un plan de mesures afin de trouver 154 millions de francs, dont 121 millions proviendraient de baisses de charges c‘est-à-dire d‘économies et les 33 millions restants viendraient de nouvelles recettes. Où fera des économies le CE pour trouver les 121 millions de francs ?

Tout d‘abord, l‘annuité et les primes de départ à la retraite des fonctionnaires seront supprimées. Rappelons que depuis plusieurs années, ces mêmes annuités n‘étaient pas payées à temps avec des mois de retard, par exemple avec un retard de 6 mois pour les annuités de l‘année 2014.

Aussi, il y aura une diminution de 100 francs par pièce et par an pour la subvention personnalisée HM (habitation mixte) maximale, la réduisant ainsi à 1700 CHF.
Une mesure encore plus scandaleuse est la réduction linéaire de 1 % pour les charges de personnel  et des dépenses. Une réduction semblable touchera les secteurs subventionnés comme l‘Hôpital.  Des mesures pour réduire les aides aux personnes âgées et celles bénéficiant de prestations supplémentaires pour cause de handicap sont également prévues. Pour le Département de l‘Instruction Publique qui a récemment introduit une réforme punitive au Post-obligatoire et dont j‘avais eu la possibilité d‘en parler dans le dernier numéro (cf. « Rentrée Scolaire 2014-2015 : les étudiant-e-s se mobilisent » n°11), on prévoit une externalisation des devoirs surveillés dans le primaire.

Des secteurs comme les TPG seront particulièrement touchés. D‘autant plus que la commission des transports aurait voté le mercredi 5 novembre dernier, le nouveau contrat de prestation 2015-2018, prévoyant des économies d‘à peu près 55 millions de francs impliquant des baisses de prestations mais surtout 63 licenciements.

Avec ce plan de mesures, c‘est la guerre que le CE déclare aux salarié-e-s de la fonction publique et à nous tou-te-s bénéficiaires des services publics.  Les conditions de travail pour les fonctionnaires et les prestations en soi ne cessent de se détériorer au fil des années pour tous les secteurs et le CE vient rajouter une couche.

Outre ces attaques frontales, le CE propose des mesures à la limite absurdes comme par exemple supprimer… la gratuité du retour des bulletins de vote par correspondance (?!). Les 33 millions restants seraient trouvés dans des augmentations de taxes comme par exemple pour les demandes de délai de dépôt de déclarations fiscales.

Qu‘importe la fonction publique tant que les profits des patrons sont assurés…

Ce budget austère suit une logique à laquelle on peut rajouter le projet de réévaluation des fonction SCORE, qui revoit certaines fonctions notamment dans la police à la baisse en privilégiant les haut-cadres.

Toutes ces mesures sont justifiées par le CE comme nécessaires pour maîtriser une dette publique en croissance et qui atteindra les 13,2 milliards de francs en 2015. La manière de la maîtriser serait d‘après lui d‘appliquer la sacro-sainte doctrine  de réductions de dépenses, qui en réalité n‘apporte guère de solutions réelles à notre situation actuelle. Ces économies inutiles ne pèsent que légèrement sur les recettes de l’État. On veut trouver 154 millions sur un budget de 7,9 milliards… On devrait plutôt se questionner si le véritable origine de la dette réside dans le « train de vie des genevois qui vivent au-dessus de ses moyens » ou plutôt dans les pertes fiscales liées à la baisse d‘ impôts qui par exemple entre 2000 et 2010 étaient évaluées à 400 millions auxquelles on peut rajouter les pertes liées à la modification de la loi fiscale de 2010 qui depuis s’élèvent à presque 500 millions. C‘est en réalité les cadeaux que l‘on offre aux nantis et aux entreprises de ce canton qui ruinent les caisses de l’État. Mais pour le CE, peu importe tant que les profits des classes dominantes sont assurés.

Le CE mène consciemment ses attaques à la fonction publique et à ceux qui en bénéficient. Dans un contexte d‘attaques multiples contre les conditions de travail, de plus en plus de gens sont obligées de faire recours aux prestations de l’État dont une augmentation des charges est totalement justifiée. Mais encore, son poids sur le budget n‘est en rien comparable aux déficits fiscaux qu‘ont apporté les baisses d‘impôts surtout pour les plus riches et les entreprises et ceci sera encore plus marquant lors de la réforme de l‘imposition des entreprises (RIE III).

Le CE se comporte finalement comme ce qu‘il est en réalité à savoir le lèche-bottes numéro un de la grande bourgeoisie de ce canton et des multinationales et que du fonctionnaire qui devra se retrouver soit avec plus de pression au travail soit à la rue, il en a qu‘à faire.

Les fonctionnaires résistent

Face à ces attaques directes, les fonctionnaires ne resteront pas les bras croisés. Le 12 novembre 2014, ils ont manifesté en vainquant la pluie. Policiers, professeurs, bibliothécaires, conducteurs des TPG et même des étudiant-e-s étaient ensemble dans la lutte contre ces attaques. On était 2000 et l‘ambiance était combative. C‘est déjà un petit pas pour mobiliser et organiser des couches plus larges de travailleur-ses du secteur public.

Plus tard ce jour-là, le conseil d’État s‘est montré ferme. Ce n‘est pas une action syndicale qui va arrêter le budget a dit M. Dal Busco. Face à son cynisme et immobilité, nous ne pouvons que nous montrer plus déterminés à résister. Veut-on réellement laisser passer ces mesures ?! Veut-on réellement que le CE continue à cumuler des victoires dans cette guerre contre les services publics au détriment de nous tou-te-s ?! Nous devons continuer à lutter et nous devons organiser des assemblées au plus vite afin d‘étudier la manière d‘escalader dans la lutte en prévoyant des moyens de pression clairement plus puissants.  

NON A DES ECONOMIES SUR LE DOS DES FONCTIONNAIRES !

TOU-TE-S UNI-E-S CONTRE LES MESURES D‘AUSTERITE !

Bryan Chirinos
Comité JS Genève