Les éleConseil d'Etattions cantonales à Genève mettent la gauche dans une situation assez particulière. La percée de la droite réactionnaire au parlement et au gouvernement vient en effet renforcer tout le bloc droitiste en arrachant des voix à la gauche et en la mettant clairement en situation minoritaire dans ces deux institutions bourgeoises.

Devant cette situation, la gauche a besoin d‘établir une ligne de combat claire pour pouvoir combattre la politique désastreuse qui s‘annonce avec un gouvernement et parlement clairement bourgeois. Une situation d‘attaques des services publics et des acquis sociaux qui se reflète d‘ailleurs de plus en plus.

Quelles perspectives pour notre combat ?

Tout d‘abord, il est important de souligner la montée en force du MCG. Cela ne devrait pas nous étonner. Avec des conditions de vie de plus en plus difficiles pour le peuple, et une gauche qui ne lui offre pas une politique crédible, elles se tournent vers des appareils démagogiques et trompeurs tel le MCG. Ce dernier prétend défendre leurs intérêts mais son fond politique est clairement bourgeois. La tromperie de cette organisation fascisante est évidente. Le soutien du MCG au budget 2014 en Ville de Genève (avec les coupes), leur opposition aux résolutions pour traiter la question de Gate Gourmet, tout cela aux côtés de la droite libérale ne font que révéler la véritable nature de ce parti.

Cette même organisation à réussi à placer un représentant au conseil d’Etat, Mauro Poggia, le roi des opportunistes, prêt à trahir même la ligne de son parti pour ses intérêts carriéristes. Quelques jours avant son élection, il affirmait n’avoir aucun problème avec les frontaliers par exemple.

Mais ce qui nous importe véritablement, c’est la manière dont la gauche réagit à cette situation. Actuellement, la direction de la gauche ne fait que cultiver l‘illusion selon laquelle il vaudrait mieux essayer de tirer la politique bourgeoise à gauche (sans remettre en cause cette politique même) plutôt qu‘entrer en conflit direct avec celle-ci en appliquant une véritable politique socialiste.

La politique « consensuelle » ou plutôt de collaboration de classes a été un clair échec et la précédente législature le montre très bien. D‘ailleurs, les représentants de la gauche sont devenus parfois plus droitistes que certains du camp bourgeois, Charles Beer (jugeant l’initiative 1 :12, « nocive pour le partenariat social ») et un David Hiler, (fier de sa proposition de baisse des impôts pour les entreprises) en sont des exemples. Quelle crédibilité peut avoir des organisations de gauche auprès des travailleurs avec de tels représentants ?

C’est très facile de jeter la faute sur la collégialité et de dire que ces conseillers étaient minoritaires dans un gouvernement de droite. Mais le problème va plus loin car eux-mêmes n’avaient aucune véritable perspective de gauche. Le système collégial est utilisé par la classe dominante pour faire passer de la façon la plus sûre leur politique. Il attribue la responsabilité des décisions à tous les conseillers et donc attribue aux représentants de la gauche, la responsabilité des politiques antisociales.  Et bien sûr, il est dans l‘intérêt de la bourgeoisie que de ridiculiser les représentants de la gauche et leur faire appliquer la politique la plus sale qui existe dans le but de leur faire perdre une grande crédibilité auprès des travailleurs.

Mais une erreur serait aussi de penser qu‘il suffirait d‘avoir l‘inverse, c‘est-à-dire une majorité gouvernementale de gauche.

Les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement neuchâtelois avec une soi-disant « majorité de gauche » nous prouveront le contraire. Baisse dans les prestations sociales, allongement de l‘âge des retraites, sont quelques-unes des merveilles proposées par la « gauche » gouvernemental. Non, mais on va nous dire que « c‘était nécessaire ». Cela ne fait que refléter l‘état pitoyable d‘une gauche qui ne sait plus défendre une politique au service des classes populaires. Une gauche incapable de remettre en cause la logique de l‘institutionnalisme bourgeois.

La non-remise en question du fonctionnement gouvernemental qui met des limites claires à une politique socialiste et la recherche à tout prix d‘un « consensualisme », d‘un « respect des institutions » montre leur faiblesse conceptuelle.

Cela passe aussi par une confusion totale dans la critique envers la politique de droite. Une idée répandue largement est celle comme quoi la droite ne respecterait pas la « loi » et la « démocratie » au sens bourgeois du terme. Donc ce serait à la gauche de faire respecter la loi.

C’est une erreur gravissime que de placer « L’Etat et ses institutions » au-dessus de tout comme une entité divine que tout le monde est censé de respecter. Dans une société capitaliste, l’Etat est le garant des intérêts de la classe dominante, c’est-à-dire la bourgeoisie. Et le système suisse dit « de consensus » est l’une des pires formes d’Etat pour nous puisqu’elle attenue à l’extrême la lutte des classes. La bourgeoisie, si elle ne fait passer directement sa politique, elle fait en sort que ça soit la gauche qui le fasse et si elle ne le fait pas, elle serait en train de violer « la collégialité et le consensus suisse ».

La gauche doit rompre avec cette logique.

Le nouveau gouvernement genevois à majorité bourgeoise applique déjà une politique antisociale. Pierre Maudet poursuit sa politique sécuritaire à l‘encontre des travailleurs. Aussi on peut inclure le projet technocratique SCORE mené par le Conseil d’État qui déplafonne les plus hauts salaires tout en divisant les plus bas salariés, entre ceux qui seraient méritants et le reste ainsi qu‘en supprimant progressivement certaines prestations.

Quel gauche pour s‘y opposer ?

Avec un Antonio Hodgers, plus bourgeois et mou que certains PDC, Anne Emery Torracinta se retrouve dans une position encore plus compliquée et qui indépendamment de sa bonne volonté  et envie de changer les choses, n‘aurait qu’une marge de manœuvre assez faible pour faire face à la pression d‘une structure bourgeoise.

Que faire donc ? La gauche est capable de revenir en force et de redevenir majoritaire uniquement en rompant avec la collaboration de classes. Il n’y a pas d’autre issue. Elle doit rompre avec la collaboration avec la bourgeoisie et ses représentants qui sont les mêmes que chaque jour sous-payent des travailleurs, baissent leurs rentes, privatisent et détruisent les services publics.

Elle doit non seulement défendre ces acquis mais les étendre, ce qui évidemment entrera en conflit avec les intérêts de la bourgeoisie. Elle doit donc être capable de créer une politique d‘opposition en regagnant la confiance des classes populaires en proposant des revendications claires, des mesures transitoires pour s‘opposer de façon efficace à la politique bourgeoise.

Pour une gauche combative avec un programme socialiste!!

Non à la collaboration de classes!!

 

Bryan Chirinos
Comité JS Genève