Le 24 novembre 2013 se dérouleront des élections présidentielles et législatives au Honduras qui seront particulièrement importantes à cause de l’entrée en scène du parti Liberté et Refondation (aussi appelé parti LIBRE), issu du Front National de Résistance Populaire (FNRP).

Xiomara Zelaya

Le FNRP, un mouvement de résistance

L’histoire du FNRP est celle d’un mouvement né dans la rue, dans la résistance au coup d’État militaire du 28 juin 2009. Il s’agit d’un mouvement social composé de salariés, de syndicalistes, de paysans, de travailleurs sans-emplois, et surtout, de jeunes qui étaient dans les rues et affrontaient frontalement la police en exigeant le retour du président Zelaya. Très vite, après le départ forcé du président du pays, les masses se sont regroupées et ont constitué un front de résistance regroupant largement des sensibilités politiques diverses, mais avec une idée fédératrice (en sus du retour de Zelaya évidemment) : davantage de démocratie et de participation citoyenne, ainsi que la tenue d’une nouvelle assemblée constituante. Certes, il ne faut pas oublier que la majorité des personnes déjà politisées au sein du front venaient de partis comme l’UD, petit parti créé par des anciens guérilleros, mais ayant un faible écho parmi les masses, ainsi que du parti libéral, qui était le parti de Zelaya. Le parti libéral, dont la direction est composée majoritairement d’hommes d’affaires du pays, n’a jamais été capable de porter les revendications du peuple hondurien jusqu’au bout. S’il a joué un rôle progressiste durant les différents soulèvements paysans et ouvriers des années 50, il n’a jamais été capable d’aller au-delà de quelques réformettes, et ceci seulement sous la forte pression des masses. La direction de ce parti confirmera d’ailleurs sa vraie nature en poignardant profondément dans le dos le président Zelaya lorsqu’elle reconnaîtra le putschiste Roberto Micheletti comme président de faits. Elle collaborera par la suite avec l’ensemble de l’oligarchie et l’impérialisme étasunien pour se débarrasser de Zelaya et établir un régime autoritaire qui réprimait violemment toute résistance en censurant les principaux médias d’opposition, comme Radio Globo ou Cholusat-Sur, et en éliminant physiquement des journalistes et militants ; le tout dans une impunité remarquable. Encore aujourd’hui, sous le prétexte de lutte contre la délinquance extrême, les forces militaires répriment violemment des militants. Nombre de camarades sont victimes de menaces de mort, de séquestrations, comme celle du secrétaire général de la Jeunesse LIBRE, Darwin Barahona, ou d’arrestations arbitraires.

L’importance de la mobilisation

L’oligarchie hondurienne craignait le gouvernement de Zelaya. Celui-ci n’appliquait pas une politique favorable à cette minorité dominante, bien au contraire. Zelaya était surtout allé trop loin en voulant consulter le peuple et convoquer une assemblée constituante, ce qui causa une mobilisation massive de la population.La conscience du peuple hondurien avait atteint des sommets rarement égalés dans son histoire, et était vraiment capable de faire basculer enfin le pouvoir de l’oligarchie. Cette conscience étant d’autant plus motivée par la vague révolutionnaire qui touche toute l’Amérique latine. Le coup d’État, au lieu d’empêcher ces mobilisations, n’a fait que les rendre encore plus fortes et massives. Le mouvement, plus qu’un simple mouvement de résistance à la dictature, est devenu un mouvement social de résistance à la domination bourgeoise. Les masses l’ont bien compris depuis le début. Toutefois, cela ne semble pas aussi clair aux yeux des directions réformistes du parti qui veulent faire du bras politique du FNRP, le parti LIBRE, un appareil électoraliste au sein d’un système politique profondément corrompu. En effet, la lutte électorale n’est rien si elle n’est pas accompagnée d’une forte mobilisation du peuple.

Le rôle du parti LIBRE

Le parti LIBRE a un rôle majeur à jouer, notamment celui de guider les consciences du peuple hondurien à la transformation socialiste de la société. Il peut compter sur une forte implantation dans les secteurs populaires, et les conditions catastrophiques du pays ne font que radicaliser la conscience de ceux-ci et les pousser à l’action. La mobilisation du peuple est une menace réelle pour le pouvoir et, ça, ils le savent très bien. Toutefois, par manque d’une direction politique vraiment révolutionnaire, le parti perd de plus en plus de sa combativité initiale. Depuis l’abandon de la lutte sociale du mouvement de résistance au détriment de la création du parti LIBRE, les secteurs les plus conscients et radicalisés du mouvement ont été écartés et marginalisés et l’aile la plus embourgeoisé s’est consolidée à la direction du nouveau parti. Suite à ça, le nombre de grèves et de manifestations a été réduit considérablement et les forces militantes sont aujourd’hui concentrées dans des campagnes purement électoralistes. Évidemment, la classe dominante veut voir un parti LIBRE faible et sans aucune perspective de transformation sociale. Ce qui est facilité par une direction molle et opportuniste. Le parti LIBRE doit être un parti plus combatif et engager la classe travailleuse dans une véritable lutte politique qui ne se limite pas à la lutte électorale mais qui exige une véritable transformation du pays. La direction réformiste pense que c’est en cherchant une « réconciliation » avec la classe dominante et « l’unité nationale », qu’elle fera avancer le Honduras vers plus de justice sociale. Mais là, elle commet une erreur encore plus grave que celle d’avoir reconnu le gouvernement issu de la dictature afin de s’intégrer dans son système en accordant l’impunité aux auteurs du coup. En effet, la résistance avait des chances réelles de faire chuter le régime pseudo-démocratique de Porfirio Lobo, un régime mis en place suite à des élections manipulées par la dictature. Mais elle a préféré reculer et chercher à s’intégrer dans le système politique que ces mêmes putschistes avaient établi et que l’oligarchie peut manipuler à sa guise. En cherchant une nouvelle « réconciliation », le parti LIBRE emprunte une voie très dangereuse pour la réalisation de ses objectifs en tombant dans le jeu de la bourgeoisie qui s’efforce de réduire à néant ses revendications. C’est pour cela qu’il est indispensable pour le parti LIBRE de se doter d’un programme d’action véritablement révolutionnaire qui puisse guider son combat contre l’oligarchie. Ce programme doit marquer une véritable rupture avec le pouvoir bourgeois. C’est pour cela, qu’il doit revendiquer avant tout le contrôle de l’économie du pays par la population toute entière et non pas par une oligarchie mafieuse. Il faut donc arracher tous les secteurs de l’économie à l’oligarchie en les étatisant et en les mettant au contrôle démocratique. Le système actuel s’est montré incapable de répondre aux besoins les plus essentiels de la grande majorité, notamment du travail, un bon système d’éducation et de santé et autres. C’est pour cela que le parti LIBRE doit revendiquer des places de travail socialement utiles, surtout pour les jeunes. Il doit également combattre la corruption en établissant la révocabilité des élus. En ce qui concerne l’armée et la police, leur pouvoir doit être réduit et une police communautaire doit être mise en place. L’éducation et la santé doivent devenir des priorités pour l’État et l’analphabétisme doit être sévèrement combattu. Les terres agricoles doivent revenir à ceux qui la travaillent, c’est pour cela qu’une nouvelle réforme agraire doit être mise en place. Enfin en ce qui concerne l’intégration latino-américaine, le Honduras doit renforcer ses liens avec les gouvernements progressistes du continent en adhérant notamment à l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques ALBA. En effet, le succès de la révolution hondurienne dépendra de celui des autres pays d’Amérique Latine. En adoptant un tel programme et en le mettant en pratique, le parti LIBRE sera en mesure de proposer une véritable alternative socialiste au système dominé par l’oligarchie. Car la refondation du pays ne peut se faire que sur des bases vraiment sociales et non pas sur les bases instables du régime de l’oligarchie. NON à la collaboration des classes, OUI a un parti combatif !Pour un programme révolutionnaire du parti LIBRE !!!

Bryan Chirinos

comité JS Genève



Le coup d’État de 2009 fut le premier renversement d’un gouvernement démocratiquement élu du nouveau millénaire dans le continent latino-américain. L’implication de l’impérialisme des États-Unis est évidente.
Les mobilisations à la suite du coup prendrons une ampleur insurrectionnel – ici les masses qui attendent le retour de Zelaya, en vain. Par manque d’une direction révolutionnaire, le mouvement s’épuise dans des campagnes électoralistes ridicules.