La JS Suisse a décidé de faire de la démocratie économique le centre de son activité politique. Toutefois, à travers une initiative populaire nommée 50/50, le comité directeur propose d’introduire des mesures larges de partenariat social. L’étincelle a déjà exprimé ses critiques par rapport à l’initiative 50/50 sur son site web et des articles d’approfondissement sur les questions de participation et de contrôle ouvrier suivront. Ces problèmes sont en effet centraux pour développer une conscience sur les possibilités d’une transformation socialiste de la société. Mise à part les faiblesses politiques du projet proposé par le comité directeur une seconde question s’impose : Est-ce qu’il est possible de changer le rapport de force dans les entreprises en notre faveur à travers une initiative populaire ? Nous avons décidé de saisir l’opportunité qui s’est offerte dans cette réouverture du débat sur le projet en posant de manière principale comment aborder la question de la démocratie économique.

La démocratie économique concrètement

Quand nous parlons de démocratie économique, la question se pose de manière concrète. Or, une revendication de droits participatifs et de contrôle ouvrier posée uniquement à travers une initiative demeure abstraite car elle reste détachée des rapports de force réels dans les entreprises. Les revendications de droits participatifs et de contrôle ouvrier ne prennent un caractère concret et deviennent ainsi une nécessité pour les salarié-e-s que s’ils s’inscrivent dans un contexte d’attaques au niveau des entreprises comme avec des licenciements, des coupes salariales etc. C’est ainsi que ces revendications deviennent une nécessité pour leur propre existence. Nous devons faire très attention à ce problème si notre projet vise à dépasser le simple « coup de pub médiatique » et changer réellement le rapport de force entre le travail et le capital. Ceci ne peut pas être atteint à travers un changement de la constitution résultant de l’activité d’un noyau restreint de socialistes. Il faut la mobilisation active des salarié-e-s de ce pays. Il n’y a pas de raccourcis dans la voie de la démocratie économique. Seul un travail patient de construction du parti et d’ancrage dans les entreprises peut réellement nous faire avancer. On ne revendique pas seulement la démocratie économique pour les travailleurs, mais par les travailleurs. Comme parti de jeunes, notre action doit s’orienter sur les apprenti-e-s et les autres personnes en formation.

 

Conquérir les centres de formation professionnels

Notre proposition de projet consiste en une campagne offensive pour les apprenti-e-s, le but étant d’organiser au moins 500 apprenti-e-s supplémentaires dans le parti. C’est ainsi que nous pourrons faire un premier pas dans la construction d’une base réelle dans les ateliers, base qui pourra imposer des avancées démocratiques dans l’économie. En Suisse, la situation des personnes en formation est en partie très précaire. Divers problèmes massifs ont été dévoilés à travers plusieurs enquêtes et notamment à travers le pilori des places d’apprentissage (Lehrstellenpranger). Les personnes en formation sont exploitées comme de la main d’œuvre bon-marché, la formation est quant à elle négligée, des heures supplémentaires et des tâches étrangères à la profession se trouvent à l’ordre du jour aussi. Le mobbing / harcèlement morale et même la violence physique arrivent de manière récurrente. Ces abus sont bien connus, mais les instances chargées des contrôles échouent. C’est notre tâche en tant que parti des jeunes salarié-e-s de mener directement la lutte contre cette exploitation. Comme parti de tradition socialiste nous comprenons que les travailleur-se-s assument le rôle dirigeant dans la lutte pour une société juste. Ceci provient de leur position dans la société et dans le processus de production. Leurs luttes dans les ateliers ne représente pas uniquement une résistance efficace contre l’exploitation du capitalisme mais portent en eux les noyaux d’une nouvelle société. C’est là que réside toute la signification de la démocratie économique. Elle ne représente pas uniquement une extension de la « démocratie », mais montre bien la forme-type de la future société socialiste. Notre tâche en tant que parti socialiste de la jeunesse est de soutenir et d’organiser les jeunes travailleur-se-s. 

Les conditions pour faire ce travail sont bonnes et les possibilités qui s’ouvrent ainsi pour le parti sont grandes. Les expériences faites à travers la campagne de Unia sur les apprenti-e-s ont d’abord démontré que la lutte contre les abus durant l’apprentissage et la présence régulière aux centres de formation professionnelle suscitent un grand intérêt parmi les apprenti-e-s. Cette campagne a ensuite aussi montré que le groupe jeunes de Unia est trop faible et trop divisé pour mener à succès un tel projet. En même temps, l’appareil syndical n’est pas assez déterminé pour rendre prioritaire une telle campagne. La JS a par contre la force nécessaire et la présence nationale pour construire des groupes d’apprenti-e-s dans les centres de formations. Ceci renforcerait énormément notre parti et donnerait une base réelle et une crédibilité dans notre combat pour une économie démocratique. En plus nous nous positionnerons ainsi ouvertement comme le parti qui réclame légitimement la représentation politique des jeunes salarié-e-s.

A l’heure actuelle, les bourgeois ont l’hégémonie d’opinion aux centres de formation professionnelle. Cependant, la force de la droite représente la faiblesse de la gauche. C’est le cas aux centres de formation. On ne peut pas déserter ce champ où une grande partie de la jeunesse vit les expériences de l’exploitation la plus féroce, là où des explications de gauche pour les raisons réelles de cette exploitation sont nécessaires. Nous ne pouvons pas laisser de l’espace à la propagande bourgeoisie, maniaque de la performance et de l’ascension sociale. La tâche des socialistes est de dévoiler ces mythes et de combattre l’exploitation.

Notre présence aux centres de formation lancerait directement un débat public parmi la population salariée sur l’ancrage politique des partis.

 

La campagne

Concrètement, l’objectif primaire de la campagne est de développer une présence aux écoles professionnelles et d’organiser des jeunes en formation. Avec des actions, des conférences et des événements sociaux nous devrons mobiliser des jeunes en formation et les organiser dans notre parti. Dans cette optique, les sections devront se concentrer sur la thématique des jeunes en formation pour la durée de la campagne et organiseront des événements publics afin de faire de la propagande active aux écoles.

Pour donner à la campagne un caractère uniforme à l’échelle nationale et pour définir un objectif commun, nous procéderons à un large sondage auprès des élèves des écoles professionnelles. Les résultats seront résumés lors du « parlement des apprenti-e-s » et traduits dans une pétition. L’appel à un tel « parlement des apprenti-e-s » vise à nous faire connaître en tant que parti qui donnons une voix aux jeunes travailleurs et travailleuses, et ceci au niveau fédéral. Dans le sondage, nous proposerons des revendications très variées en lien avec le monde du travail spécifique des jeunes et la formation. La pétition reprendra les revendications qui auront reçu le plus grand soutien. En lien avec une mobilisation nationale, la remise de cette pétition marquerait le point culminant de la campagne et se déroulera peu avant les élections 2015. La mobilisation pour ces deux événements nationaux (parlement et remise) serait fait de manière continue pendant toute la campagne. Nous devrons récolter les données de contact de tous les jeunes qui participeront au sondage ou qui signeront la pétition. Ceci pose la base pour tout le travail de mobilisation ultérieure dans les sections et de recrutement ciblé de nouveaux membres. 

Le but de notre campagne est l’organisation de jeunes en formation et avec cela la construction systématique de notre parti, d’où le but de recruter 500 nouveaux apprenti-e-s. Toutes les tentatives précédentes pour gagner des jeunes travailleurs et travailleuses pour notre parti ont échoué car elles restaient des tentatives locales dans des sections isolées. Avec le projet JS 2015, nous avons pour la première fois la possibilité de focaliser toutes nos forces sur cet objectif et d’arriver pour la première fois à une percée. Le sondage et la pétition sont des outils qui facilitent l’approche des jeunes dans les écoles professionnelles, nous donnent une présence commune partout en Suisse et servent directement au recrutement des jeunes. Car c’est seulement à partir du moment que nous avons construit une base solide chez les jeunes en formation, nous pourrons construire un rapport de force pour présenter de manière convaincante nos revendications et de les imposer avec succès. 

Dans ce but, nous devrons choisir un titre de campagne officiel et développer un logo de campagne nationale qui crée un effet de reconnaissance et d’identification auprès des jeunes en formation. On pourra à l’occasion la réactivation du « Pilori d’apprentissage » comme un outil de campagne. Ce concept de site web a connu un franc succès autant dans les médias qu’aux écoles professionnelles. Un tel site peut jouer un rôle important et servir comme plaque tournante de diverses informations et pour l’agitation en lien avec la campagne. En tant que JS, nous ne sommes pas soumis aux limites du partenariat social comme le sont les syndicats. C’est ceci qui a mené à l’arrêt du site. Nous pouvons nous donner une présence plus combative que Unia. Nous pourrons utiliser librement ce concept comme front de propagande, pour donner directement la parole aux jeunes en formation et pour dénoncer des situations intenables, de violations des droits et l’exploitation des jeunes en formation.

C’est seulement si nous décidons de concentrer les forces de notre parti sur l’organisation des jeunes en formation que nous arriverons à créer une base réelle chez les jeunes travailleurs et travailleuses. Ainsi nous serions dans une situation de départ bien plus favorable pour lutter pour la démocratie économique. Une telle approche stimule l’initiative politique directe des jeunes travailleuses et travailleurs et les permettrait de prendre leur sort entre leurs propres mains. Nous pourrons nous positionner comme le parti des jeunes en formation et construire un front puissant de jeunes travailleurs et travailleuses. Nous pourrons à ce moment là poser les revendications de participation de manière concrète dans les entreprises. C’est uniquement ce fait qui donne à ces revendications leur force explosive sur le chemin au socialisme.

 

 

Proposition de concept de campagne :

Toute au long de la campagne le but principal est de recruter des jeunes en formation à travers des événements politiques, des actions et des rencontres conviviales.

 

Plan de campagne : 

Phase 1 (30 mars au 20 mai)

– Lancement de campagne

– Sondage avec un choix de six revendications (but de 20’000 réponses)

– Analyse du sondage

 

Phase 2 (30 mai au 13 juin)

– Rassemblement pour les trois revendications, votation de la pétition dans le « parlement des apprenti-e-s »

– Préparation et production de la pétition

 

Phase 3 (13 juin au 18 octobre)

– Lancement pétition avec les trois revendications

– Récolte de signatures aux écoles professionnelles (but de 40’000 signatures)

– Manifestation nationale à Berne pour le dépôt de pétition

 

Phase 4 (18 octobre jusqu’à l’AA 2016)

Actions et événements autour de la problématique

 

Dates : 

28 et 29 mars 2015     AA lancement de la campagne, lancement de l’enquête

27 juin 2015             Analyse, « parlement des apprenti-e-s », Lancement de la pétition

3 octobre 2015         Manifestation nationale des jeunes en formation, remise de la pétition

18 octobre 2015        Elections au conseil national

 

 

Plus d’informations selon les phases 

6 revendications (Phase 1)

  • salaire vital pour des jeunes en formation

  • respect de l’interdiction des tâches étrangères au métier

  • contrôles annuels de chaque apprentissage par des inspecteur-trice-s apprentis élus par les apprenti-e-s eux-mêmes

  • garantie d’une place de formation et droit à la reprise après la fin de la formation

  • au moins deux heures payées par semaine pour réviser pour l’école professionnelle

  • suffisamment de temps du formateur/-trice pour chaque jeune en formation

 

Matériel

  • matériel d’information pour les droits des apprentis (syndicats)

  • tracts avec l’invitation aux réunions, au « parlement » et à la manifestation

  • Brochures (JS)

 

Journal de la JS pour les jeunes en formation

  • 4 numéros

 

JS-Pilori d’apprentissage

  • site internet

  • numéro d’urgence

  • télé-apprentissage (interview, actions, tables rondes, enregistrements secrets, documentation sur des risques de sécurité)

 

Idées d’actions

  • Bar des jeunes en formation

  • Concert

  • Mobilisations communes contre des licenciements d’apprenti-e-s

  • Actions devant les offices cantonales de la formation professionnelle

  • Interview en vidéo devant ou dans les entreprises avec les responsables de formation

  • Distribution de lettres d’information aux clients sur les conditions de travail, p.ex. dans des crèches ou des EMS

  • Nettoyer l’école en groupe (faire des tâches étrangères au métier)