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[dropcap]L[/dropcap]e lundi 20 février, 150 stagiaires ont manifesté à la Place des Nations à Genève contre leurs conditions de travail. Le mouvement fait partie du Global Intern Strike (grève mondiale des stagiaires), des évènements similaires ont eu lieu à Bruxelles, New York et Vienne. Pour nous marxistes, cette mobilisation s’inscrit dans la logique générale de la précarisation de l’emploi accrue et donc de la crise économique mondiale. C’est dans cette optique que le courant marxiste l’étincelle y était présent.

Travailler sans rémunération est la forme la plus sévère d’exploitation. Le présenter comme un « investissement nécessaire » dans une carrière future est hypocrite et de plus en plus souvent un pur mensonge. Ce qui intéresse principalement les entreprises, OIs et ONGs est la main d’œuvre gratuite. Pas tant parce qu’elles sont méchantes ou ignorantes, mais parce qu’elles font partie du système capitaliste. Nous ne nous battons pas pour un « 500.- serait mieux que rien ». Nous luttons pour libérer les jeunes des chaînes du capitalisme afin de leur permettre de vouer leur énergie à résoudre de vrais problèmes et construire une meilleure société pour l’humanité.

« Un investissement nécessaire »

Tout d’abord, les stages non rémunérés renforcent les inégalités sociales et économiques. Selon le UN interns survey de 2015, 78% des stagiaires n’auraient pas pu se permettre le stage sans support familial et 76% des stagiaires non rémunéré-e-s viennent de pays à hauts revenus. Plus vous êtes riche, plus vous pouvez « investir » dans la carrière de votre enfant. Par le passé, ces « investissements » « portaient leurs fruits » pour ceux qui pouvaient se les permettre. Les connaissances et compétences développées peuvent être un avantage éducationnel décisif dans le marché concurrentiel du travail et mener aux carrières désirées. La même étude, cependant, nous dit que 81% des stagiaires ont eu plus d’expérience de travail que d’expérience instructive. De plus, le UN Youth report de 2016 affirme que, ces dernières années, il y a eu une tendance des employeurs d’offrir des stages non rémunérés sans possibilité d’avancement professionnel au sein de l’organisation. Aujourd’hui, les stages non rémunérés peuvent rendre la situation économique des jeunes pire que s’ils/elles n’avaient jamais fait le stage. Nous voyons que les « investissements » dans des stages non payés mènent de moins en moins au résultat attendu.

L’exploitation depuis 2008

Afin de comprendre pourquoi il en est ainsi nous devons analyser la logique derrière cette exploitation. Dans le capitalisme, les entreprises mais également les départements du secteur public se voient forcés d’exploiter leurs travailleurs/travailleuses au plus haut taux possible. L’ONU, étant un instrument des Etats-nations capitalistes (et financée par ceux-ci), est liée à la même pression. Le premier programme de stagiaires de l’ONU en 1958 par exemple, déclare comme un de ses buts de « maintenir l’efficacité maximale en réduisant les coûts ». Cette logique s’applique donc depuis les débuts des stages à l’ONU. Néanmoins, depuis la crise de 2008, il y a eu un changement dans le rôle des stages. Selon le « UN Youth report 2016 », il y a un nombre croissant d’entreprises et d’organisations qui offrent des stages non-payés à plein-temps. Dans beaucoup de cas, le travail des jeunes stagiaires remplace celui du personnel régulier. Avec la crise de 2008, une quantité massive d’emplois a été détruite et de lourdes mesures d’austérité ont été appliquées. Plus de 20% de la jeunesse en Europe est au chômage et, dans plusieurs pays, ce sont même plus de 40%. Dans une telle période, de la main d’œuvre gratuite devient un moyen efficace et donc important de renforcer la productivité en réduisant les coûts. Comme des contrats de travail à long terme payés deviennent de plus en plus rares, il y a moins besoin de former de futurs travailleurs et travailleuses. Une grande partie de la jeunesse en Europe n’a pas de perspectives. Des “investissements” dans des stages non-payés ne rapportent pas mais, dans leur situation désespérée, beaucoup de jeunes ne voient pas d’alternatives et acceptent de travailler gratuitement.

Global Intern Strike Geneva

Au niveau des stagiaires onusien-ne-s, cette détérioration des conditions de travail s’est maintenant exprimée pour une première fois dans la mobilisation à la Place des Nations. La revendication principale (« stages payés – maintenant ! ») était omniprésente et le nombre de participant-e-s dépassait largement les attentes des organisateurs-rices. Le grand intérêt apporté au tract distribué par les camarades de l’étincelle témoigne d’une certaine soif pour des analyses politiques mettant leur situation dans un contexte plus large.

Tant lors de la manifestation que lors de la conférence tenue le soir, des positions intéressantes furent émises. D’abord, la tendance du déplacement d’emplois permanents vers les stages précaires fût confirmée par un représentant du personnel de l’ONU. Ensuite, on discutait de la logique de concurrence entre les organisations et les départements. Au final, le constat d’un de nos camarades – le système capitaliste force les employeurs-euses à exploiter davantage la main d’œuvre – jouissait d’une forte appréciation.

Maintenant, il est crucial de continuer à mobiliser les stagiaires autour d’un programme clair. Seulement ainsi nous pouvons arracher des concessions aux capitalistes.

Nos demandes

A cette occasion, nous donnons quelques pistes pour un tel programme :

  • Tous les stages doivent être liés à un cursus d’étude reconnu.
  • Les stagiaires doivent obtenir les salaires aux taux, conditions et droits syndicaux.
  • Tous les stages doivent fournir une voie explicite vers un travail à plein-temps.

Le capitalisme ne peut pas apporter les solutions à ces problèmes. La crise profonde actuelle en est une preuve très nuisible pour une grande partie des jeunes et des salarié-e-s. Seul le socialisme fournit la solution à ces problèmes afin de libérer les étudiant-e-s de la pression d’incertitudes économiques et de dettes. Joints-toi à nous dans notre combat pour le socialisme ! Libérons les stagiaires du capitalisme !

 

*******ENGLISH*******

 

This monday, February 20th, 150 interns have demonstrated on Place des Nations in Geneva against their working conditions. The movement is part of the Global Intern Strike, similar events have taken place in Brussels, New York and Vienna. For us Marxists, this mobilization is to be seen in the general logic of increased precariousness in work and thus in the global economic crisis. It’s in this perspective that the Marxist tendency l’étincelle was present.

Working for no money is the heaviest form of exploitation. Presenting it as a « necessary investment » in a future career is hypocrite and more and more often a pure lie. What companies, IOs and NGOs are primarily interested in is free labour. Not so because they are mean or ignorant but because they are part of the capitalist system. We are not fighting for “500,- would be better than nothing”. We are fighting to free the youth from the shackles of capitalism in order to let them devote their energy to solving real problems and building a better society for humanity.

“A necessary investment”

First of all, unpaid internships reinforce social and economic inequalities. According to the UN interns survey 2015, 78% of the interns could not have afforded the internship without family support and 76% of the unpaid interns come from high income countries. The richer you are, the more you can “invest” in your kid’s career. In the past, these “investments” often “paid off” for the ones who could afford them. The additional knowledge and the developed skills can be a decisive educational advantage in the competitive labour market and lead to the desired careers. The same survey, however, tells us that 81% of the interns have had more working experience than learning experience. Furthermore, the UN Youth report 2016 states that in recent years there has been a trend for employers to offer unpaid internships with no possibility of career progression within the organization. Today, unpaid internships can leave young people economically worse off than they would be if they had never done the internship. We see that the « investments » in unpaid internships are less and less leading to the expected outcome.

Exploitation since 2008

To understand why this is the case we must look at the logic behind this exploitation. In capitalism, companies but also public sector employees are forced to exploit their workers at the highest rate possible. The UN being an instrument of capitalist nation states (also by being financed by them) is bound to do the same. The first UN internship programme in 1958 for instance, declares as one of its goals to « maintain maximum effectiveness while lowering costs ». Since the very beginning of UN internships the logic thus applied. However, since the crisis of 2008 there has been a shift in the role of internships. According to the UN Youth report 2016 there are increasing numbers of companies and organizations that are offering unpaid full-time internships. In many cases the work of the young intern is replacing that of regular staff. With the 2008 crisis a massive amount of jobs have been destroyed and heavy austerity measures have been applied. More than 20% of the youth in Europe is unemployed, in many countries even more than 40%. In such a period, unpaid labour becomes an efficient and therefore important mean of keeping up productivity by lowering costs. Since paid long-term working contracts are getting fewer and fewer, there is less need in educating future workers. A large amount of the youth in Europe has got no perspective. « Investments » in unpaid internships do not pay off but in their desperate situation many young people see no alternative and accept working for free.

Global Intern Strike Geneva

In regard to the UN-interns, this deterioration of the working conditions has now expressed itself for the first time with the mobilization on Place des Nations. The main claim (“paid internships – now!”) was omnipresent and the number of participants largely exceeded the organizers’ expectations. The big interest shown towards the distributed leaflet bears witness of a certain thirst for political analysis putting their situation in a larger context.

Both, at the demonstration as well as at the conference held in the evening, interesting positions were shared. First of all, the tendency of permanent job displacement towards precarious internships is being confirmed by a UN Staff representative. Afterwards, the discussion was guided to the logic of competition among the organizations and the departments. Finally, one of our comrade’s remarks – it’s the capitalist system that forces the employers to exploit more and more the working force – enjoyed strong appreciation. Now it is crucial to continue mobilizing the interns with a clear program. Only this way we can tear off concessions from the capitalists.

Our demands

On this occasion we provide some tracks for such a program:

  • All internships must be linked with a recognized course of study.
  • Interns must receive union rates of pay, conditions and rights.
  • All internships must provide an explicit pathway to a full-time job.

Capitalism cannot provide the solutions to these problems. The current profound crisis proves it in a very harmful way for a huge part of the young and working class people. Only socialism provides the solution to these issues so that students can be free from the pressure of economic uncertainty and debt. Join us on the fight for socialism! Free the interns from capitalism!