Dans le secteur du bâtiment, il n’y a pas eu d’augmentation de salaire depuis quatre ans. Cette année, le syndicat des patrons (SSE) a décidé de s’attaquer aux acquis sociaux du bâtiment. Comment les ouvriers et leurs syndicats doivent-ils réagir ?

En 2018, la convention nationale (CCT) du bâtiment (gros-œuvre) devra être renouvelée, les négociations pour ce renouvellement vont être tendues. Alors que les patrons ont fait de grands profits, il essaient baisser les salaires.

Depuis la crise de 2008, l’un des principaux piliers du marché intérieur suisse a été la construction. Pendant longtemps, ce secteur a servi de tampon contre la crise. Grâce à l’expansion phénoménale du crédit hypothécaire, le secteur a pu continuer à faire du profit. Selon le Crédit Suisse, il y a une surproduction de environ 10% des appartements actuellement construit (5000-6000) soit une valeur de 3,3 milliards de CHF. C’est surtout dû aux investissements spéculatifs dans les appartements et les immeubles en tant qu’objets de rendement pour les sociétés financières. On voit bien comment la finance et le patronat se sont goinfrés ces dernières années sur le dos des travailleurs du bâtiment alors qu’il n’y a pas eu d’augmentation de salaire depuis quatre ans.

SSE en attaque

Le patronat cherche à amortir la crise sur le dos des travailleurs, car en plus d’avoir gelé les augmentations, Gianluca Lardi le président de la société suisse des entrepreneurs (SSE) a mis en avant comme revendications :

  • Une baisse des salaires pour les travailleurs âgés et sortants de formation
  • Une augmentation du temps de travail jusqu’à 50h par semaine
  • Faire passer la retraite anticipée à 62 ans (actuellement 60)

 

De plus, cela fait quatre ans que les discussions entre syndicats et patrons ne débouchent sur rien. Le patronat refuse toujours toute négociation.

Cela montre bien que le partenariat social n’est qu’une illusion. Les actionnaires sont ouverts au « dialogue » uniquement lorsqu’il y a de la croissance car ils peuvent continuer à faire plus de profit même en exploitant un peu moins les ouvriers. Pourtant, lorsque la croissance n’est plus là, ils ne connaissent ni dialogue, ni partenariat social. Ils ne veulent plus accorder d’acquis sociaux et veulent même revenir en arrière sur ceux qu’ils ont accordés. De plus, ils savent parfaitement que les syndicats sont dépendants des cotisations professionnelles qu’ils touchent pour l’application de la CCT. Les patrons n’hésitent pas à jouer de cette dépendance pour faire pression sur les syndicats. C’est quelque chose de compliqué à faire, mais Unia devrait chercher d’autres sources de financements pour être plus indépendant.

Les patrons n’hésitent pas aussi à employer massivement des travailleurs temporaires, donc des travailleurs plus « flexibles », pour faire pression sur les travailleurs ayant des contrats fixes. La SSE a refusé la demande des syndicats de limiter le travail temporaire à 10%. A Genève, le Conseiller d’Etat Pierre Maudet (PLR) est intervenu dans la négociation pour qu’elle débouche sur un accord à 40% (pour les chantiers de l’Etat). Cette accord, qui est clairement à l’avantage du patronat car négocié avec un conseiller PLR, ne convient cependant pas à la faîtière des bureaux temporaires qui a fait recours, ce qui laisse en suspens l’application de la loi et permet aux patrons de continuer leurs pratiques.

Dans le capitalisme, le profit se fait en exploitant les travailleurs, c’est-à-dire en les payant moins cher que ce qu’ils rapportent. La valeur produite par rapport au salaire, dans le bâtiment, représente 9’000 CHF par an et par employé. Ce chiffre est distribué de manière très inégale entre les entreprises. A Implenia, la plus grande du secteur, l’écart salariale est à 1:47. C’est de là que vient le profit et la richesse des capitalistes qui nous exploitent.

Comment lutter ?

Notre force à nous les ouvriers, c’est notre nombre (nous la majorité de la population) et notre rôle dans la société. En effet, sans  travailleurs, aucun immeuble ne se construit. M. Lardi et ses amis du patronat ne savent pas coffrer le béton, utiliser une grue ou piquer le béton ! Sans nous, plus de profit !

Les syndicats, Unia notamment, ont appelé à une manifestation le 23 juin à Zurich. Actuellement, l’objectif est de faire une démonstration de force. Ces manifestations devraient servir à commencer à organiser les ouvriers à leur expliquer la nécessité de faire grève. Sur le long terme, Unia devrait chercher à renouveler l’ancienne génération des ouvriers syndiqués. Il faut chercher à s’implanter dans les entreprises, sur les chantiers: on en tirerait l’avantage d’être plus enracinés ce qui permettrait de mobiliser les travailleurs plus facilement voir même de permettre aux travailleurs de se mobiliser par eux-mêmes via le syndicat.

Toutes et tous ensemble à la manifestation de la construction ce samedi 23 juin!