Avec une pétition pour valider tous les examens de l’unige, la CUAE veut lutter contre la détérioration des conditions d’enseignement par la crise du coronavirus. Bien que nous soutenions totalement cette revendication, une lutte collective de la classe ouvrière pour défendre les standards de vie de toutes et tous les salarié.e.s, y compris ceux des étudiant.e.s, est nécessaire.

La CUAE, l’association faîtière et syndicat des étudiant.e.s de l’Université de Genève, appelle le rectorat à la validation en bloc de tous les enseignements suivis ce semestre et à l’obtention des crédits qui y sont liés. Elle relève les difficultés auxquelles se trouvent confronté.e.s les étudiant.e.s dans cette période de crise. Face à la décision du rectorat de maintenir les examens, la CUAE lance une pétition qui a déjà obtenu près de 3000 signatures. Cette mobilisation considérable montre qu’une grande partie des étudiant.e.s est déjà à bout de souffle et ne peut supporter davantage de pression. L’étincelle soutient pleinement l’ambition de la pétition et propose un programme de revendications pour lutter durablement contre les dégradations des conditions des étudiant.e.s et de tous.tes les salarié.e.s.

Les conséquences de la crise économique

Ces dernières années de crise ont fait apparaître, pour l’ensemble de la classe ouvrière, de nombreux problèmes sociaux : la hausse du coût de la vie et des primes d’assurance-maladie, la difficulté de trouver des logements abordables et la précarité de l’emploi pèsent lourd sur les épaules des salarié.e.s. Les étudiant.e.s ne sont pas en reste: en 2016, 53% des étudiant.e.s des hautes écoles suisses affirmaient  rencontrer des difficultés financières légères à moyennes, et 16% disaient avoir de très grandes difficultés. Ces conséquences ont des effets importants sur leur santé physique et psychologique: la CUAE cite, dans sa pétition, un chiffre de l’Observatoire de la vie étudiante qui révèle qu’en 2019 78% des étudiant.e.s se trouvaient dans un état d’épuisement moral. 

La mesure de trop

Pour beaucoup, la décision du rectorat de maintenir les examens et de poursuivre les cours en ligne est la goutte qui fait déborder le vase: comment continuer ses études normalement alors qu’on se retrouve bloqué.e dans un appartement trop petit, surpeuplé, sans chambre ou sans conditions adéquates pour étudier? Si l’on a perdu son salaire et que l’on n’est plus sûr.e.s de pouvoir payer son loyer et sa nourriture dans les mois à venir? La crise économique aggravée par le coronavirus les met en position difficile: bon nombre d’étudiant.e.s travaillent dans des conditions précaires ou sont encore partiellement dépendants de leurs parents, qui eux aussi voient leurs revenus menacés. La pression devient donc insupportable. 

Les étudiant.e.s font partie de la classe ouvrière

Les étudiant.e.s, en tant que futurs salariés et salariés actifs (75% d’entre eux exerçaient une activité rémunérée à côté de leurs études en 2016), ou entretenus par des parents salariés font partie de la classe ouvrière, paient, comme le reste de ses membres, pour la crise. Le fardeau qui pèse aujourd’hui sur leurs épaules est le résultat de longues années de crise économique et des attaques de la bourgeoisie sur leurs conditions de vie. Puisque les étudiant.e.s ne font pas partie d’une sphère économique isolée, la lutte doit dépasser le cadre de l’université.

Comment lutter?

Cette lutte ne concerne pas que les étudiant.e.s. Toute la classe ouvrière est actuellement exposée aux licenciements, au chômage partiel ou est forcée d’aller travailler dans des conditions qui mettent en danger la santé de ses membres. Nous sommes en train de faire l’expérience de la pire crise du capitalisme, ce qui signifie que des grandes attaques contre les standards de vie des travailleurs et travailleuses auront lieu.
Si nous soutenons la pétition lancée par la CUAE, nous ne nous faisons pas d’illusions : valider les examens est une revendication qui améliore la situation des étudiant.e.s dans l’immédiat, mais les causes de stress et d’incertitude à propos de leur situation matérielle vont persister et s’aggraver. L’éducation, la santé et la vie de nombreuses personnes sont mises en danger pour le maintien d’un système économique qui ne profite qu’à une poignée de capitalistes. Il faut donc étendre les revendications et la mobilisation à l’ensemble du salariat : les syndicats doivent s’organiser pour garantir les salaires, l’attribution de bourses suffisantes pour couvrir l’intégralité des coûts de la vie, ainsi que la mise en place d’un plan d’action pour garantir des mesures de sécurité et d’hygiène.  

Vous pouvez signer la pétition à l’adresse suivante: https://www.change.org/p/le-rectorat-de-l-universit%C3%A9-pour-repenser-la-solution-des-examens-%C3%A0-l-unige?recruiter=1068202083&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition