[dropcap]L[/dropcap]e 8 novembre prochain, les citoyens américains iront choisir leur président – un raciste ou une menteuse ; un milliardaire ou une corrompue. On ne peut pas vraiment parler d’un choix. Les Démocrates et les Républicains sont « les deux ailes droites du parti des propriétaires », comme l’écrivait Gore Vidal. Ce sont deux partis bourgeois. Quel que soit le résultat, les jeunes et les travailleurs enverront, une fois de plus, un ennemi de classe à la Maison-Blanche.

Un moindre mal?

Pendant la campagne des primaires démocrates, la candidature de Bernie Sanders – qui appelait  à une « révolution politique contre la classe des milliardaires » – a soulevé énormément d’enthousiasme, en particulier dans la jeunesse. Mais avec le ralliement de Sanders à la candidature de Clinton, début août, cet élan s’est brisé contre la bureaucratie du parti démocrate. Après s’être mobilisés pour changer la société, les jeunes sont sommés de voter pour le prétendu « moindre mal » : la multi-millionnaire Hillary Clinton, qui servira Wall Street – et personne d’autre.

En face, la démagogie « anti-système » de Donald Trump a rencontré un écho chez des millions d’Américains. Trump, bien sûr, est un populiste, raciste et archi-réactionnaire. Mais à sa manière, il a cristallisé – sur la droite de l’échiquier politique – le rejet de l’« establishment », exactement comme le fait Marine Le Pen, en France. Pour autant, cela ne signifie pas que la classe ouvrière américaine « vire à droite ». Un récent sondage indique que 76 % de la population adulte considère les immigrés clandestins comme aussi honnêtes et travailleurs que les citoyens américains. Par ailleurs, moins de 9 % des Américains ont voté pour Trump ou Clinton, lors des primaires.

Clinton: le choix de la bourgeoisie

Encore une fois, Clinton et Trump sont deux politiciens bourgeois. Mais la vaste majorité des grands capitalistes soutiennent Clinton, désormais. La plupart des médias appellent plus ou moins explicitement à voter pour elle. Même l’appareil des Républicains a « lâché » Donald Trump. C’est qu’il est trop instable, provocateur, incontrôlable. Il a une fâcheuse tendance à dire ce qu’il pense, ce qui est une faute très grave chez un politicien bourgeois. Bref, les capitalistes le jugent trop dangereux.

Pour essayer de motiver les électeurs à voter Clinton, ce qui suscite très peu d’enthousiasme, de nombreux médias américains affirment qu’une victoire de Donald Trump marquerait l’avènement du fascisme aux Etats-Unis. C’est complètement absurde. Un régime fasciste ne peut advenir qu’au terme d’une série de graves défaites du mouvement ouvrier. Or les forces de la classe ouvrière américaine sont intactes. Les grandes luttes sont à venir. Et c’est précisément parce qu’un régime dictatorial – sans parler d’un régime fasciste – est impossible aux Etats-Unis, à ce stade, que la bourgeoisie veut écarter Donald Trump.

Un système à bout de souffle

Le premier signe classique d’une fermentation révolutionnaire est l’incapacité des dirigeants à se mettre d’accord sur la meilleure façon de diriger. Ces élections en sont un bon exemple. Quel qu’il soit, le prochain président bénéficiera d’un « état de grâce » très court, car il – ou elle – sera incapable de régler les problèmes du chômage, de la pauvreté, de la crise du logement, de la dette étudiante, etc. Depuis 2008, l’administration Obama a laissé la dette publique quasiment doubler, sans pour autant parvenir à sortir l’économie américaine du marasme. Face à de tels problèmes, ni Trump, ni Clinton n’ont de solutions.

Le système politique américain, déjà fragilisé, va être confronté à des bouleversements de plus en plus grands au fur et à mesure que la crise fera sentir ses effets. Cela va se traduire par une aggravation de la situation de millions de travailleurs, poussant de plus en plus de gens à la recherche d’une alternative. L’enthousiasme qui s’est exprimé autour de la campagne de Sanders a montré que des millions de jeunes et de travailleurs sont déjà à la recherche des idées du socialisme. Cette radicalisation va se poursuivre, jusqu’à ce qu’elle aboutisse, tôt ou tard, à la formation d’un authentique parti de la classe ouvrière américaine.