Alors que la Bourgeoisie internationale commence à s’inquiéter ouvertement de l’éventualité d’un défaut de paiement, nous pouvons donc avoir la certitude que l’économie ukrainienne est dans une situation très problématique.

 

Elaine Moore du Financial Times, dans un article intitulé « L’Ukraine emprunte la route “odieuse” du défaut », nous explique que le gouvernement ukrainien a maintenant le pouvoir de bloquer les remboursements de la dette extérieure ; que les discussions avec ses créditeurs sont au point mort ; et qu’il a déclaré « avoir le droit… de ne pas rembourser les prêts contracté par un gouvernement “kleptocratique” ».

Après la chute du PIB de 17,5 % durant le premier trimestre 2015, le FMI estime que 40 milliards d’euros d’allègement de dette et de nouveaux prêts sont nécessaires pour consolider l’économie ukrainienne. Les estimations du magazine The Economist sont encore plus élevées. Mais jusqu’ici les Etats-Unis n’ont fourni que 2 milliards de dollars de prêt garanti pendant que l’UE a apporté 1,6 milliard d’aides économiques.

Kiev essaye actuellement de restructurer 23 milliards de dollars de dettes. Natalie Jaresko, la ministre des Finances, a déclaré que les créditeurs devraient nécessairement accepter de perdre 20 milliards de dollars d’obligations, mais un groupe de créditeurs représentant 1,1 milliard de dettes a déclaré ne voir aucune raison d’accepter une coupe dans leurs remboursements.

Franklin Templeton [Société de placement en valeurs mobilières, NDT], plus gros créditeur individuel de l’Ukraine, a dit accepter une réduction de 500 millions de dollars sur le paiement des intérêts, mais le gouvernement de Kiev a dors et déjà déclaré que cela ne suffirait pas.

La Russie, second plus gros créditeur de l’Ukraine, a également annoncé qu’elle ne négocierait aucune réduction des 3 milliards de dollars d’obligations dues en décembre, alors que l’UE elle-même a insisté pour que l’Ukraine règle une autre dette de 3 milliards d’importations de gaz à Gazprom, la compagnie pétrolière russe. En réalité, Aleksey Miller, le patron de Gazprom, a dit que Naftogaz, la compagnie énergétique ukrainienne, devrait payer plus de 8 milliards de dollars de pénalités pour n’avoir pas honoré des promesses contractuelles, et qu’en tout la dette pétrolière de l’Ukraine se monte à 29,5 milliards de dollars.

En dehors des prêts proprement dits, les Nations Unies ont demandé une aide annuelle de 316 millions de dollars pour les cinq millions d’Ukrainiens ne pouvant plus satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, conséquence de la guerre menée par Kiev contre son propre peuple, à l’Est. Mais un quart seulement de cette somme a été effectivement récolté.

Conséquence de cette pression, les retraites, salaires et dépenses publiques – à l’Ouest du pays, comme dans les républiques de Luhansk et Donetsk — fondent comme neige au soleil. Avec la mise en place d’un cessez-le-feu plus ou moins respecté, ces questions vont revenir au premier plan, mais le système capitaliste ukrainien, corrompu et dégénéré, sera incapable de les résoudre.

Comme cela s’est déjà vu, la crise économique subie par le reste du monde fera qu’obtenir de l’argent des Occidentaux reviendra à chercher de l’eau dans le désert. Le prix du sauvetage de l’économie ukrainienne est impossible à supporter par l’économie stagnante de l’UE.

Un défaut ukrainien, sur la base du capitalisme, serait la pire des catastrophes pour les Ukrainiens ordinaires. L’Ukraine se verrait exclue des marchés de crédits internationaux et se retrouverait à la merci des impérialistes dont la brutalité est sans limites quand il s’agit d’imposer des mesures d’austérité.

Par contre, un reniement des dettes capitalistes sur une base socialiste permettrait de résoudre l’ensemble du problème. Si la classe ouvrière prenait le contrôle du pays sur de vraies bases démocratiques, expropriait les oligarques et s’en remettait à elle seule pour reconstruire son économie délabrée, elle pourrait enfin voir le jour se lever à la fin de l’interminable nuit que les travailleurs ukrainiens traversent actuellement.

Surgit des cendres de la guerre fratricide menée par des gangs fascistes contre les Ukrainiens de l’Est et de l’épouvantable effondrement économique qui se déroule sous nos yeux, un mouvement unifié de la classe ouvrière, de l’Est à l’Ouest, contre les oligarques responsables de ce cauchemar, peut et doit être construit. C’est la seule issue.

Ben Gliniecki
Marxist.com

29 mai 2015