128 morts, 516 blessés et 165 disparus : le bilan de l’attentat fournit par l’Union des médecins nous indique qu’il s’agit de l’attaque la plus meurtrière de l’histoire de la Turquie. Le massacre d’Ankara est une claire continuation de la campagne de terreur contre les forces de gauche en Turquie. Cet odieux attentat n’as pas arrêté les forces progressistes.  Des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues turques les jours suivants. Ils ont marché contre la terreur et l’autoritarisme, dans ce qui a été le plus grand mouvement de masse depuis le mouvement Gezi Parc de 2013.

 

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Le 10 octobre dernier, devant la gare de la capitale Ankara, deux explosions ont frappé la manifestation pour « le travail, la démocratie et la paix ». Elle a été  organisé par les principales forces syndicales de gauche en Turquie, DISK (confédération des syndicats progressistes), KESK (confédération des syndicats des travailleurs du service public), TMMOB (union turque des chambres d’ingénieurs et d’architectes), TTB (l’union des médecins) et soutenue par d’autres syndicats, partis et organisations démocrates et révolutionnaires. Une des deux explosions s’est produite lors du passage du Parti démocratique des peuples (HDP) quand ces manifestants avaient juste commencé à marcher. Le HDP est un parti anticapitaliste et pro-kurde, une formation  progressiste qui veux représenter tous les peuples et classes opprimés.  Cette formation, lors des élections parlementaires de juin, a obtenu 13% des voix ce qui lui a permis d’obtenir 80 sièges au Parlement. Ce fut un événement révolutionnaire, car elle était la première expression politique d’un mouvement unifié, basé sur la classe des travailleurs kurdes et turcs qui s’est d’abord développé pendant le mouvement Gezi Park.

Le dynamiques de l’attentat restent très ambiguës et même si le président turc, Recep Tayyip Erdo?an, a «fermement condamné» l’attaque, ses paroles témoignent d’une hypocrisie. Que l’attaque ait été menée sous la supervision directe du régime ou «indépendamment» menée par les forces islamistes – qui ont été soutenues par Erdogan – cela n’a pas d’importance. Même si on ne sait pas encore si l’attentat doit être attribué aux obscurantistes religieux de Daesh ou aux fascistes des Loups Gris, il apparaît clairement que parmi les commanditaires de l’attentat, on trouve l’AKP, Recep Tayyip Erdogan et l’Etat Turc.  

Lors de l’attentat un représentant de l’HDP a déclaré que il n’y avait pas de policiers autour de la scène de crime quand l’explosion a eu lieu. Les policiers anti-émeute sont arrivés sur le lieu après 15 minutes. Mais quand ils sont arrivés, ils ont attaqué par des bombes lacrymogènes contre les gens qui visent à aider les personnes blessées .  Un autre élément suspect c’est l’ ordre donné de bloquer tous les médias turcs et les réseaux sociaux pour lui empêcher de  transmettre l’événement.

Très significatives sont les affirmations de Selahattin Demirtas,  selon le co-leader de l’HDP, le AKP au pouvoir est coupable : «Les mains de l’AKP sont rouges de sang et ils appuient cette terreur (…) Dans ce pays, celui qui parle contre le gouvernement sera tué … [I] si vous ne soutenez pas le gouvernement, vous serez privé de droits fondamentaux humains et moyens de prospérité (…) Si un enfant jette une pierre à la police, ils vont lui répondre avec une balle. (…) Nous sommes confrontés à un état de foule meurtrière. Comment est-il possible que l’état avec un tel réseau de renseignement forte n’a pas eu l’information préalable à l’attaque? «

Comme à Diyarbakir, le 5 juin, puis à Suruç, le 20 juillet, cet attentat a visé délibérément les forces progressistes de Turquie qui s’opposent à la politique réactionnaire, autoritaire et militariste de l’AKP. A Diyarbakir, c’était un meeting du HDP qui était visé, à Suruç, un rassemblement de la jeunesse de gauche turque qui se rendirent à Kobanê et cette fois à Ankara une manifestation pour la paix.

Mais l’attentat n’as pas arrêté les masses qui veulent un changement :  des dizaines de milliers de personnes ont marché le jour après l’attentat  pour protester contre le régime de terreur de l’AKP. Ils étaient environ 10.000 à Istanbul. Il y eut des rassemblements spontanés et des sit-ins dans différentes parties de la métropole. A Ankara,  des milliers de personnes se sont rassemblées pour pleurer les manifestants assassinés. Ceci démontre que l’utilisation de la haine raciale avait momentanément provoqué la réaction opposée. Dans les régions kurdes, des dizaines de manifestations ont eu lieu, dont la plus grande à Diyarbakir, où des milliers de personnes se sont rassemblées et ensuite ont été brutalement attaquées par la police anti-émeute.

Les larmes de crocodile des tenants de l’Etat turc ne doivent pas faire oublier sa complicité dans les attentats à Suruç contre les jeunes socialistes internationalistes. Ce même gouvernementon autoritaire, réactionnaire et anti-ouvrier réprime avec brutalité tout mouvement de contestation

Les réactions à l’attentat nous ont démontrés que la répression virulente peux avoir l’effet contraire : augmenter la solidarité et radicaliser les couches populaires qui défient tout violence.

Pourtant,  la stratégie cynique et sans égard d’Erdogan a porté ses fruits dans un climat électoral dominé par la peur: l’AKP a gagné les élections anticipées du 1er novembre avec près de 50 % des suffrages, soit 3 millions de voix de plus qu’en juin dernier. Ces résultats ne disent rien sur le contexte de ce vote : l’OCDE a parlé de vote dominé par la peur et la violence. Le gouvernement n’as pas hésité à déclencher une guerre civile au Kurdistan turc et ainsi stimuler la haine anti-kurde pour détourner sur des lignes nationalistes la colère du prolétariat turc, pour se présenter ensuite comme la seule alternative au désordre dans le pays.  D’ailleurs, la fermeture des journaux et des chaînes de télévision d’opposition et la campagne de répression contre les journalistes n’ont fait que renforcer ultérieurement la position de l’AKP dans ces élections.

Le HDP est passé de 13 % à 10 %,  or il est vrai qu’annuler tout rassemblement jusqu’aux élections est une stratégie risqué, mais le parti est surtout victime, plus que tous les autres, de la militarisation des bureaux de vote, les manipulations électorales et la politique de terreur d’Erdogan. Heureusement le HDP reste au parlement et l’AKP n’as pas encore les votes nécessaires pour changer la constitution et monopoliser le pouvoir ;  de plus des larges couches de la population sont maintenant plus radicalisées – comme après Gezi, mais sur un niveau plus élevé et avec une claire solidarité entre la gauche turque et kurde.


Martin Malinovski

ASEMA Genève