[dropcap]C[/dropcap]et été fut une période mouvementée ; marquée par des crises politiques et des tentatives désespérées de la part de la classe dominante pour rééquilibrer la situation. Suite à la tentative de coup d’Etat en Turquie, Erdogan va lancer une purge, sa dimension hors du commun. La guerre civile contre la population kurde ne cesse d’être menée. L’invasion de la Syrie est, d’un côté, la suite logique de cette politique et constitue de l’autre la tentative de réunir une nation divisée à travers la guerre contre l’ennemi extérieur. Il convient de condamner radicalement ces interventions militaires visant sans doute les Kurdes syriens et les armées de l’YPG (Unités de protection du peuple).

En France, au vu de la défaite profonde lors des élections de l’année prochaine, le gouvernement « socialiste » détesté se complaît dans une politique raciste et misogyne. Cependant, ce populisme brun ne l’épargnera pas du naufrage, mais va plutôt l’y entraîner davantage. L’attisement de la haine contre les musulmanes et musulmans ne servira qu’au Front National.

Le vote du Brexit a fait trembler l’ensemble de l’establishment politique britannique. Cameron cherchait à soigner les clivages profonds de la classe dominante, pourtant, la scission du parti conservateur devient de plus en plus probable. Toutefois, pour nous en tant que marxistes, les évènements autour du parti travailleur, le Labour Party, sont évidemment beaucoup plus intéressants. Tout en respectant leur rôle comme braves agents de la classe dominante, les blairistes profitent de la situation du Brexit pour mener une attaque frontale contre Crobyn. Néanmoins, les forces déclenchées par le mouvement autour de Corbyn ne peuvent plus être enrayées. En dépit d’une immense campagne médiatique, d’exclusions du parti et autres mesures bureaucratiques, des centaines de milliers de personnes viennent d’adhérer au parti afin de pouvoir voter pour Corbyn. Entretemps, le Labour est devenu le plus grand parti ouvrier en Europe. Du point de vue de la classe dominante européenne, ces évènements constituent un scénario catastrophe par excellence. Pour les travailleuses et travailleurs en Grande-Bretagne, la reconquête du Labour est un pas décisif dans le développement de la lutte des classes.

Faisant face à une crise bancaire imminente ainsi qu’à un référendum constitutionnel, le gouvernement italien se retrouve également au bord du gouffre. L’absence d’un parti de masse de la classe ouvrière menacera davantage l’instabilité politique en Italie.

Le quotidien européen en pleine crise est actuellement dominé par l’instabilité et des rejets politiques. Nous avons toujours souligné que toute tentative de rééquilibrage économique détruira l’équilibre social et politique.

En Suisse, notre critique à la participation gouvernementale du PS se voit une fois de plus confirmée de manière impressionnante. Mario Fehr, le conseiller d’Etat du PS zurichois renforçait d’abord la surveillance étatique dans son canton pour ensuite choisir la voie française en revendiquant l’interdiction de la Burqa, tandis que Eva Herzog, son homologue bâloise, fait de la publicité pour la Troisième Réforme de l’Imposition des Entreprises (RIE III) : Un cadeau fiscal gigantesque pour les grandes entreprises qui sera autant d’années d’austérité pour nous tous.

Les membres de gouvernement du PS n’humilient pas les principes du parti qu’au niveau cantonal. Alain Berset continue de s’attaquer à nos rentes, notamment en tant que Conseiller fédéral du PS. En s’appropriant d’une argumentation purement bourgeoise, il dénonce dans un grand entretien avec le Tagesanzeiger (01.09.2016) l’initiative comme étant vouée à l’échec. Ce faisant, il réussit à dépasser son utilité habituelle pour les bourgeois due au principe de collégialité très douteux.

Les manifestations contre le vol des rentes marquent ainsi une étape importante contre ces attaques à notre prévoyance vieillesse. Seule notre résistance se situe encore entre les bourgeois et nos conquêtes sociales. Il est indispensable que nous refusions toute sorte de détérioration et que – si nécessaire – nous prenions des mesures de lutte plus radicales. Nous devons mener cette résistance dans la rue et dans les entreprises, mais également – comme nous pouvons l’observer de plus en plus – dans nos propres organisations. Qu’il s’agisse de l’augmentation de l’âge de la retraite, la RIE III, des mesures d’austérité ou des licenciements de masse, ce ne sont rien de plus que des tentatives de la classe dominante d’agrandir leurs profits à notre charge. De telles politiques n’ont pas leur place dans les organisations de la classe ouvrière.

Que les attaques menacent nos conquêtes dans l’entreprise, à l’école, à l’université ou à la maison ; il faut que nous nous organisions et que nous unifiions ce combat dans une lutte commune contre l’oppression et l’exploitation. Un combat défensif contre les bourgeois, même s’il est couronné de succès, n’est pas suffisant pour garantir la sécurité pour nos rentes et nos salaires. Ils continueront tant que le capitalisme est en place. Il faut que nous nous opposions à ces attaques de la classe dominante à travers des attaques de notre part. Seul le dépassement du système et le contrôle démocratique de l’économie peuvent constituer le fondement pour une société dans laquelle chacune et chacun peut vivre selon ses besoins et capacités.